Incendies en Gironde et urgence climatique

Le traitement de l'information doit tenir compte des bouleversements en cours et ne plus s’arrêter au simple constat.

Face à la crise climatique et au rapide déclin de la biodiversité, les journalistes sont confrontés à un choix : continuer d’ appliquer les pratiques professionnelles apprises sans ouvrir les yeux sur la gravité de la situation, soit remplir leurs missions avec plus de soin comme le suggère la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique.

Au départ, l’idée d’un manifeste

Au départ, l’idée était de diffuser un Manifeste. Puisque les questions autour du climat occupaient une place mineure dans les sujets abordés lors de la campagne des élections présidentielles, une expression collective pourrait provoquer une prise de conscience collective, ont des journalistes décidés à ne pas laisser passer l’occasion. Pendant plusieurs mois, les contacts se sont multipliés. A Vert, Anne-Sophie Novel fut l’une des locomotives de cette mobilisation notamment grâce à son réseau. Climax, Socialter, Blast mais aussi franceinfo, France télévisions, les Journalistes écrivains pour la nature et l’ écologie (JNE), et, par agrégation, d’autres professionnels ont grossi les rangs dont l’organisme de formation Samsa.fr.

Tout est parti d’une constatation : « la Charte d’éthique mondiale des journalistes est très bien mais elle est silencieuse en termes d’écologie« , explique Anne-Sophie Novel. Fin avril, l’idée d’un manifeste est abandonnée au profit d’une Charte. Il faut « inverser la vapeur, faire vite et bien« , puisque « le mauvais traitement médiatique des sujets liés au climat et à la biodiversité nuit gravement au débat démocratique » est-il précisé dans la présentation de la campagne de lancement de cette Charte verte« .

« Nous ne sommes pas moralisateurs. Cette charte, c’est une boussole destinée à montrer les bonnes pratiques lorsque l’on veut intégrer ces enjeux. Elle doit aussi infuser dans le public »

développe la journaliste Bordelaise.

Traitement transversal

En écoles de journalisme, lors de débats, sur les marchés et dans les cafés, le message sera répété à l’envi : un autre mode d’approche de la société, du monde, s’impose à nous. Aux jeunes journalistes de l’IJBA, Anne-Sophie Novel répète : « vous pouvez être amenés à traiter de ces sujets même en étant journalistes sportifs.« 

Le fou rire du joueur de football, Kylian Mbappé à une question d’un journaliste sur les modes de déplacement des joueurs et des cadres sportifs et l’éventualité de voyages en chars à voile suggérée par l’entraîneur Christophe Galtier, illustrent le décalage entre les responsabilités des journalistes sur ces thèmes et la méconnaissance., la crainte du chaos climatique.

Politiques, sportifs, citoyens, économistes : personne ne peut faire l’impasse sur ces sautes d’humeur climatiques engendrant inondations, incendies puisqu’elles touchent tout le monde. C’est ce qu’affirme d’entrée la Charte, déclinée en 13 déclarations, en encourageant les journalistes à avoir une approche transversale, au delà du traitement par rubriques et spécialités. Les autres points ont notamment trait à la pédagogie, l’usage des mots et des images, sur la recherche des causes au-delà du constat et de l’exposé des faits, les réponses possibles la formation.

Et en Nouvelle-Aquitaine ?

Rue89 Bordeaux, Podcastine, La Clé des Ondes, Horizon(s) et Far Ouest font partie des 50 premiers signataires. Rue89 Bordeaux explique son engagement à travers un article dédié.

Le Club de la presse de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine signera cette Charte, sur décision du conseil d’administration. Elle sera partagée aux membres pour que chaque journaliste en prenne connaissance et la fasse sienne.

La Charte est à retrouver sur le site charteecologiejournalisme.fr

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