Les photographes du bassin d’Arcachon en ont assez que le Siba (Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon)  fournisse gracieusement des photos à des sociétés commerciales  pour illustrer des pleines pages de magazine, livres, plaquettes  ou panneaux publicitaires Arcachon Magazine,  le Nouvel Observateur, Bateau Magazine, Road Trip magazine… Tous ces journaux et bien d’autres ont consacré des dossiers au lire la suite

Crédit photo : Stéphane Scotto
Crédit photo : Stéphane Scotto

Les photographes du bassin d’Arcachon en ont assez que le Siba (Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon)  fournisse gracieusement des photos à des sociétés commerciales  pour illustrer des pleines pages de magazine, livres, plaquettes  ou panneaux publicitaires

Arcachon Magazine,  le Nouvel Observateur, Bateau Magazine, Road Trip magazine… Tous ces journaux et bien d’autres ont consacré des dossiers au bassin d’Arcachon, avec des photos « offertes » par le Siba, qui a « sa » photographe salariée depuis dix ans. Même des éditeurs de livres, voire des entreprises locales pour leurs affiches publicitaires, se servent dans la photothèque du Siba. Un phénomène, qui s’amplifie au fil des années et provoque l’ire des photographes professionnels du bassin. Ils dénoncent une « concurrence déloyale »… « Ce fonds de photos financé par les contribuables ne doit servir que pour la communication des communes adhérentes. La diffusion gratuite de photos à des sociétés commerciales porte un grave préjudice à la profession. Rien que pour cette année, la perte est de plus de 20 000 euros », fulmine Stéphane Scotto, photographe professionnel sur le bassin.

Une pétition, le ministère de la Culture interpellé…

« Cela fait désormais dix ans que nous demandons au Siba l’arrêt total de la diffusion gratuite à la presse, sans succès », poursuit-il. Cette année encore, plusieurs photographes ont demandé un rendez-vous à son président, Michel Sammarcelli, pour évoquer le problème. Mais, celui-ci n’a pu avoir lieu. « Et, même Marie-Hélène des Esgaulx, vice-présidente du Siba, qui nous soutient, n’a pu obtenir gain de cause », regrette Stéphane Scotto.  La coupe est « pleine ». Les photographes (Karine Médina, Franck Perrogon, Philippe Roy, Stéphane Scotto, Ulrich Chofflet et Michel Le Collen) ont décidé de passer à l’action et vont lancer d’ici quelques jours une pétition pour faire entendre leur voix. En parallèle, ils vont adresser un courrier au ministère de la Culture, du Travail, et s’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils engageront des poursuites au tribunal administratif contre le Siba.

Les entreprises aussi se servent dans la photothèque du Siba…

De son côté, Michel Sammarcelli rétorque que l’accès pour la presse est limité à un pack de 24 photos, deux par communes et quatre du bassin, renouvelé tous les six mois. « C’est déjà beaucoup et la règle du renouvellement tous les six mois peut changer à tout moment, selon leur convenance », rappelle Stéphane Scotto. Concernant les entreprises qui utilisent les photos du Siba à des fins publicitaires, Michel Sammarcelli assure qu’il ne peut s’agir que de copies d’écran. « Le problème est qu’il n’y a jamais de pénalités financières, seulement un rappel de la loi… », souffle Stéphane Scotto. Les photographes demandent que des poursuites soient systématiquement engagées par le Siba en cas d’usage illicite de leurs photos et que les sommes récoltées servent à alimenter un budget qui sera attribué à aider les photographes dans leurs projets de création.

Les propositions des photographes professionnels

En résumé, les photographes du bassin d’Arcachon, soutenus par l’UPP Aquitaine-Charentes et au niveau national, demandent l’arrêt total et définitif de la distribution gratuite aux sociétés privés et à la presse. En outre, ils suggèrent un partenariat au Siba. Les photographes participeraient à la valorisation de l’image de marque du Bassin en présentant une galerie de photos sur le site du Siba. Lorsque cet organisme est sollicité par la presse ou par des sociétés commerciales, celui-ci proposerait la liste des photographes travaillant sur le Bassin et le val de Leyre pour négocier avec le professionnel de leur choix. Dans le cas où un magazine demande une gratuité pour une publication, le Siba réglerait les droits aux photographes selon les usages. Enfin, afin de revaloriser la profession sur le bassin, ils suggèrent qu’un budget soit dégagé en 2014 pour organiser une grande exposition photographique publique et gratuite en formats géants. Elle sera constituée des photos de tous les photographes professionnels du Bassin qui souhaiteront y participer. Cette exposition pourrait même se déplacer sur les évènements qui permettent au Siba de promouvoir le bassin. « Afin de prouver que nous ne souhaitons que travailler en bonne intelligence, nous sommes prêts à ne pas toucher un seul centime pour cette expo et que le SIBA ne prenne en charge que les frais d’impression et d’exposition. Ce serait un cadeau au public de notre part et de celle du Siba », précise Stéphane Scotto

Le photographe indépendant va-t-il disparaître ?

« Malheureusement, ces pratiques se sont généralisées ces dernières années. Bon nombre d’offices de tourisme en France organisent un concours photo qui leur permet de se constituer une photothèque à bon compte et de s’approprier  les droits sur les photos, qui sont ensuite diffusées gratuitement. Alors, que nous n’avons jamais été capables de faire des photos d’aussi bonne qualité, c’est le prix qui détermine tout. Le risque est que le photographe indépendant n’existe plus », déplore Philippe Roy, délégué régional de l’UPP en Aquitaine-Charentes. Pourtant, « lorsque l’on fait de beaux livres sur le bassin d’Arcachon ou que l’on vend nos clichés dans une galerie, les gens sont prêts à mettre le prix pour avoir de belles photos. Notre problème est que nous devons travailler avec des intermédiaires qui ne croient pas que ça peut marcher en proposant de la qualité », conclut Stéphane Scotto.

Nicolas César

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