Le Festin - escales du livre 2024

Rendez-vous bordelais très attendu, la dernière édition des Escales du Livre à Bordeaux est un carrefour où éditeurs, journalistes, écrivains se croisent durant trois jours. Retour remarqué de la revue Le Festin et rencontre avec Jean François Meekel qui donne la parole aux parties civiles du procès Papon.


Photo : Jean-Luc Veyssy, directeur des éditions Le Bord de l’eau/ Le Festin et Lucie Mugnier, rédactrice en chef adjointe aux Escales du Livre.

Plus tout à fait pareille mais reconnaissable dès le premier regard, la nouvelle formule du trimestriel Le Festin s’affiche avec un titre prometteur : «  Réparer les vivants ». Derrière le stand de la revue, Jean-Luc Veyssy, directeur des éditions Le Bord de l’eau/ Le Festin et Lucie Mugnier, rédactrice en chef adjointe reprennent à leur compte la phrase prononcée par Alain Delon dans le Guépard de Visconti, d’après le roman de Lampedusa : «  Sinous voulons que tout treste pareil, il faut que tout change.. »

En redressement judiciaire la revue de la région Nouvelle-Aquitaine a trouvé un nouveau repreneur. Régionale toujours, la publication entend continuer à » »dévoiler et à découvrir le monde néo-aquitain, ses femmes et ses hommes », avec une maquette sans doute appelée à évoluer en 2025.

Conscient des enjeux que représentent la renaissance du titre et des difficultés à surmonter, Jean-Luc Veyssy prend date, de même que Lucie Mugnier qui a participé en un temps court à la réalisation de ce numéro dont le titre «  réparer les vivants »est un message clair en direction du public.

Paroles fortes de survivants

Jean-François Meekel revient sur le procès Papon qu’il a couvert dans son intégralité entre 1996 et 1997. Complice de l’arrestation et le transport vers les camps de la mort de plus de 1600 juifs dont 288 enfants entre juin 1942 et août 1944. Maurice Papon sera renvoyé devant les Assises de la Gironde pour complicité de crime contre l’humanité, en septembre 1996, seize ans après le dépôt des premières plaintes. Après la première instruction, cassée pour vice de forme, il fallut attendre la seconde pour qu’un jugement soit prononcé. Maurice Papon fut condamné, au printemps 1998, à 10 ans de réclusion criminelle pour complicité d’arrestations illégales et séquestrations arbitraires, complicité de crimes contre l’ humanité.

Jean-François Meekel, journaliste à France 3 Aquitaine, avait parallèlement réalisé pour la revue le Passant ordinaire des portraits et des entretiens de plusieurs parties civiles. Ils furent republiés dans la revue Ancrage. Ces témoignages, enrichis de celui d’un des jurés du procès Papon et des dessins d’audience réalisés par Edith Gorren, montrent combien la parole des survivantes et rescapés de la Soah fut plus déterminante que la volonté politico-judiciaire de l’époque et combien le procès Papon a permis « la réception d’une souffrance.»

Par cet ouvrage «  nous voulons encore une fois honorer la mémoire et rappeler le courage, la détermination de tous ceux-là , qui aujourd’hui sont partis rejoindre les leurs » explique Jean-François Meekel.

Pour aller plus loin :
Le Festin, revue trimestrielle en Nouvelle-Aquitaine #129- Réparer les vivants
Procès Papon, témoignages des parties civiles, collection « Témoignages vivants », éditions Les dossiers d’Aquitaine, Bordeaux, de Jean-François Meekel.

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