Cette année, le prix Albert Londres a été remis à Bordeaux au journaliste marseillais, Philippe Pujol, pour son enquête « Quartiers shit » sur la violence sociale dans un quartier de la cité phocéenne, publiée par épisodes dans le journal « La Marseillaise » en 2013. Les Français Julien Fouchet, 38 ans, Sylvain Lepetit, 32 ans et le journaliste pakistanais Taha Siddiqui, lire la suite
Cette année, le prix Albert Londres a été remis à Bordeaux au journaliste marseillais, Philippe Pujol, pour son enquête « Quartiers shit » sur la violence sociale dans un quartier de la cité phocéenne, publiée par épisodes dans le journal « La Marseillaise » en 2013. Les Français Julien Fouchet, 38 ans, Sylvain Lepetit, 32 ans et le journaliste pakistanais Taha Siddiqui, 30 ans, ont pour leur part emporté le prix pour leur reportage télé « La Guerre de la polio » en Afghanistan et au Pakistan, produit par Babel Press et diffusé par France 2 dans Envoyé spécial le 5 décembre 2013. Cette remise de prix à Bordeaux fut aussi l’occasion de consacrer une journée de réflexions au journalisme d’investigation à l’IJBA (Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine). L’un des débats portait notamment sur les « lanceurs d’alertes » avec Fabrice Arfi, journaliste d’investigation à Mediapart.
Pourquoi autant d’acharnement, de la part des Etats, pour faire taire Bradley Manning, Julian Assange, Edward Snowden, Pierre Condamin-Gerbier… ? Qui peut nier que les faits qu’ils ont dévoilés sur la torture en Irak, la surveillance généralisée des citoyens, l’ampleur de la fraude fiscale relèvent de ce droit de savoir qui fait l’essence même de la démocratie ? Traîtres pour les uns, héros modernes pour les autres, les lanceurs d’alerte défient le système en dénonçant ses turpitudes. Ils ne veulent pas le casser mais l’améliorer, transgresser pour mieux consolider le subtil et fragile équilibre de la démocratie, quitte à révéler des informations parfois extrêmement sensibles, à provoquer des crises politiques. Leur arme : la vérité, preuves à l’appui. Mais une vérité pas toujours bonne à dire. Pour Fabrice Arfi, « le lanceur d’alerte est celui qui porte un combat sur son nom ».
La France est très critique à l’égard des journalistes d’investigation
« En France, c’est plus compliqué, car les journalistes d’investigation sont accusés d’alimenter le tous pourris et le dégoût de la politique », explique Fabrice Arfi. Il en découle que les « lanceurs d’alertes sont peu protégés en France, contrairement aux Etats-Unis », déplore-t-il. Pour lui, ce qui est en cause derrière, c’est aussi la structure capitalistique des journaux en France, dont un certain nombre de patrons sont proches du pouvoir. Sans compter les aides importantes de l’Etat à la presse.
De l’intérêt du journalisme d’initiative
Pour faire, Fabrice Arfi prône l’autonomie des journalistes face aux évènements, notamment l’autonomie intellectuelle. Les journalistes ne doivent pas se contenter d’être des « passe-plats », mais décider de leur agenda. C’est ce qui l’appelle « le journalisme d’initiative ». Le journaliste a sa place totale dans la vie de la cité et n’est pas le relais de celui qui a déjà la puissance de la parole et des actes.
Nicolas César