Edito Non, « Charlie » n’est pas mort Douze noms, douze victimes de l’obscurantisme, de l’intolérance et du fanatisme : Stéphane Charbonnier, dit Charb, dessinateur ; Frédéric Boisseau, agent d’entretien ; Franck Brinsolaro, policier au service de la protection ; Jean Cabut, dit Cabu, dessinateur ; Elsa Cayat, psychanalyste et chroniqueuse ; Philippe Honoré, dit lire la suite
Edito
Non, « Charlie » n’est pas mort
Douze noms, douze victimes de l’obscurantisme, de l’intolérance et du fanatisme : Stéphane Charbonnier, dit Charb, dessinateur ; Frédéric Boisseau, agent d’entretien ; Franck Brinsolaro, policier au service de la protection ; Jean Cabut, dit Cabu, dessinateur ; Elsa Cayat, psychanalyste et chroniqueuse ; Philippe Honoré, dit Honoré, dessinateur ; Bernard Maris, dit Oncle Bernard, économiste et chroniqueur ; Ahmed Merabet, agent de police ; Mustapha Ourrad, correcteur ; Michel Renaud, fondateur du « Rendez-vous du carnet de voyage » de Clermont-Ferrand ; Bernard Verlhac, dit Tignous, dessinateur ; Georges Wolinski, dessinateur.
Dessinateurs, chroniqueurs, collaborateurs de « Charlie Hebdo », policiers : leur mort est une atteinte directe aux valeurs fondamentales de notre démocratie et de notre République qui sont les garantes de la liberté d’opinion et d’expression de tous les citoyens.
Journalistes ou non, nous sommes choqués, bouleversés, marqués pour toujours. Nous avons perdu des copains, des amis, que nous les connaissions ou pas. Nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes et des blessés.
Les rassemblements de solidarité, à Toulouse et partout en France, montrent que l’intolérance et la barbarie ne gagneront pas, d’où qu’elles viennent. Car les auteurs présumés de cette tuerie ne représentent nullement leur religion et nous devons repousser tout amalgame et toute récupération pré-electorale.
Qu’on me permette de rendre un hommage particulier à nos collègues dessinateurs, que nous avions connus pour certains d’entre eux. Tignous a longtemps fait profiter de son talent « Satiricon », notre modeste « Charlie » toulousain.
Oui, on peut se moquer et on peut rire de tout. Oui, l’irrespect et le mauvais esprit sont le poil à gratter de notre propre conformisme. « Charlie » adresse un doigt d’honneur salutaire et réjouissant à l’ordre moral ou religieux, aux conventions, aux faux-culs, aux bien-pensants, aux hypocrites, aux intégristes, aux fachos, aux beaufs, aux cons et à tous ceux qui ne les aimaient pas…
Mais les hommages, les honneurs, le respect et tout le reste, nos copains s’en moquaient bien. Depuis là-haut ou depuis ailleurs – car ils n’y croyaient pas, en bon laïcards et bouffeurs de curés de toutes obédiences – ils regardent peut-être en se marrant les drapeaux en berne, les trois jours de deuil national, et l’unanimité hypocrite de certains qui n’hésitaient pas à les traiter de provocateurs lors de la publication des caricatures de Mahomet ou de dessins mettant à mal les religions. Nos copains n’ont pas dû non plus en croire leurs oreilles : minute de silence, sonneries des cloches de Notre-Dame ce jeudi 8 janvier… la totale pour ces démolisseurs rigolards des institutions.
Alors, où que vous soyez, bon voyage les copains et n’oubliez pas, si vous en avez l’occasion, d’engueuler Dieu, Allah, Jéhovah ou Bouddha de notre part. Nous ne vous oublierons pas. On ne peut pas tuer « Charlie » et encore moins le rire et l’humour. « Charlie » va continuer. « Charlie » n’est pas mort, il b…e encore.
Sylviane Baudois, présidente de l’Association des Journalistes de Toulouse et de Midi-Pyrénées