Une rencontre entre journalistes en activité, pigistes et seniors a fourni des pistes intéressantes sur l’évolution du statut et le refus de certaines pratiques. « – Le « Club Midi » sera un moyen de varier les rencontres avec les pigistes, de les ouvrir à d’autres comme les seniors, ou tous les confrères en activité lire la suite
Une rencontre entre journalistes en activité, pigistes et seniors a fourni des pistes intéressantes sur l’évolution du statut et le refus de certaines pratiques.
« – Le « Club Midi » sera un moyen de varier les rencontres avec les pigistes, de les ouvrir à d’autres comme les seniors, ou tous les confrères en activité en passant plus de temps à dialoguer sur des sujets complexes, comme aujourd’hui sur la déontologie. » Elsa Dorey, vice-présidente du Club, a accueilli avec Pierre Sauvey une dizaine de confrères sur ce thème pour un échange libre qu’elle anima entre midi et deux heures le 13 mai dernier.
Ce fut très fructueux, au point que les participants ont convenu de se retrouver à intervalles réguliers sur ce thème à l’avenir.
L’exemple québécois
Il revenait à Claude Ader, journaliste honoraire bordelaise qui passe une partie de l’année au Québec, d’apporter un éclairage nord-américain sur la déontologie. Elle le fit avec un remarquable power-point qui montre qu’outre-atlantique les mêmes problèmes se posent, avec des variantes et des réponses différentes. « – Il y a au Québec 3500 journalistes pour sept millions et demi d’habitants, avec plusieurs cartes de presse dont certaines fournies par les médias, explique-t-elle, et un Conseil de Presse, tribunal d’honneur qui compte 22 membres, huit du public, sept des médias, sept des journalistes, ces derniers étant nommés par la fédération professionnelle FPJQ (qui a 2000 adhérents)».
Ce Conseil défend la liberté de la presse et le droit à une information fiable pour le public. C’est une autorité purement morale, mais quiconque est victime ou témoin d’une atteinte peut y recourir. « -En 30 ans, note Claude Ader, il y eut environ 2000 plaintes dont les deux tiers étaient recevables. Il y a eu des blâmes écrits. Par contre, les journalistes québécois ont souhaité que les aides à la presse soient soumises au respect de la déontologie, mais ce n’est pas encore fait. »
Le Québec, où il n’y a que peu ou pas d’autocensure et une grande liberté de ton, affronte en ce moment « la montée d’une armée fluctuante de blogueurs qui s’intitulent journalistes. »
L’Observatoire de la Déontologie de l’Information
Jean-Marie-Dupont, membre de l’Observatoire de la Déontologie de l’Information (ODI) et délégué de cet organisme national au Club de la Presse, rappelait qu’un projet de Conseil de Presse existe aussi en France, à l’initiative d’Yves Agnès, ancien du Monde, mais qu’il n’a pas abouti pour l’instant.
« – Pourquoi ces questions rebondissent en France depuis quelques années ? s’interroge-t-il, d’abord parce que toute profession a besoin de règles pour s’exercer, et que les nôtres ont été revues trois fois : en 1918, en 1938, et pour la dernière fois au congrès du SNJ de 2011. » Lui-même a fait partie du Comité Frappat des Etats Généraux de la Presse, qui a tenté de rédiger un code. Mais diverses dissenssions, notamment avec certains employeurs ont empêché son achèvement.
« – Ensuite, observe-t-il, les technologies jouent sur nos comportements. Avec l’explosion numérique , le « nous sommes tous journalistes » est une erreur, aujourd’hui il faut un vrai travail de validation des images en plus de celui des faits. Jusqu’où peut-on aller sans porter atteinte à la dignité des personnes ? Là doit s’arrêter la course à l’image choquante.»
Des avancées sont cependant observées en France : s’il n’y a toujours pas de code de déontologie générale, de nombreuses entreprises ont leur propre charte. Et l’Observatoire a déjà publié trois rapports, « en ne mentionnant pas le titre des médias, conclut Jean-Marie Dupont, car nous nous refusons à être un tribunal. »