L’IJBA, l’institut de journalisme de l’Université de Bordeaux 3 Michel de Montaigne, conviait dernièrement des responsables de différents groupes et titres de la presse écrite, la PQR. Celle dont on dit qu’elle ne survivra pas à l’explosion imminente des tablettes de lecture en ligne.     Dans un premier temps, Patrick Eveno, professeur à Paris 1 lire la suite

L’IJBA, l’institut de journalisme de l’Université de Bordeaux 3 Michel de Montaigne, conviait dernièrement des responsables de différents groupes et titres de la presse écrite, la PQR.

Celle dont on dit qu’elle ne survivra pas à l’explosion imminente des tablettes de lecture en ligne.


 

 

Dans un premier temps, Patrick Eveno, professeur à Paris 1 Panthéon- Sorbonne, a remis les choses en perspective.

La presse écrite a manqué le grand rendez-vous de l’urbanisation, de la ville et des banlieues. En témoigne en juillet 2012, la disparition de France Soir, titre mythique qui tirait jadis à 1.300.000 exemplaires.

La presse de région est beaucoup plus solide sur ses « fondamentaux »: peu d’invendus, des abonnés fidèles, un renouvellement actuel du lectorat par la proximité locale et le sport.

Reste qu’elle doit affronter la mutation industrielle en cours, gérer et financer simultanément « print » et web.


Directeur général  délégué du Groupe des Journaux de la Loire, Jean-Paul Brunel expose les raisons de rester vigilant, innovant, optimiste et déterminé.

 

– La presse écrite a perdu beaucoup de lecteurs depuis les années 60, mais elle ne se porte pas si mal, en réalité ?

 Jean-Paul BRUNEL : Certains groupes s’en sortent mieux que d’autres. Quand ils restent fidèles à leur identité et à leurs valeurs. Et quand ils sont dynamiques, bien dirigés et bien gérés Leur diffusion résiste grâce au soutien de leurs abonnés, au renouvèlement de leur offre éditoriale, à la qualité du service au client, à leur politique de promotion, leur diversification. Mais il faut être modeste : des clignotants s’allument même chez les plus performants. En premier lieu, la baisse inquiétante des ressources publicitaires.

 

 

-Quel est le problème ? Print et Web ? Sont-ils destinés à cohabiter durablement ?

 

Le problème tient à la multiplicité des concurrences médiatiques et aux modifications de comportements qu’elle induit.  A la gratuité qui s’impose et qui détruit de la valeur éditoriale et commerciale. A l’attractivité des supports numériques mobiles. A la tendance forte qui voit les consommateurs privilégier les offres de divertissement. Il faut donc affronter ces réalités, innover, inventer un nouveau modèle, sans renoncer à notre raison d’être, à nos savoir-faire. Pour nous, c’est le local, tout le local, rien que le local. Donc, Print et multimedia sont destinés à cohabiter durablement à certaines conditions. Nous nous efforçons de les réunir.

 

-Quel est le secret ? Revenir aux fondamentaux ?

 

Nous tentons de répondre en permanence à trois questions simples : qui sommes-nous ? A quoi servons-nous ? Que savons-nous faire ?  C’est peut-être simpliste mais cela évite bien des errements. Du coup, Le respect des fondamentaux reste une condition sine qua non, mais on a admis qu’il  n’était plus suffisant pour demeurer le leader médiatique de son territoire.  Une nouvelle ère a commencé. Il faut donc certes conforter ses acquis pour conserver une audience qui garantira le modèle existant  mais aussi sortir du cadre, tenter des expériences, sans confondre vitesse et précipitation. Ayant travaillé dans des groupes de différentes tailles, je suis convaincu désormais que « small is beautiful ».

 

 

Que pensez-vous des  » produits dérivés  » ?  Suppléments ciblés …Agences de voyages…Conférences et événementiel…Téléphonie…

 

Nous devons effectivement rechercher des relais de croissance et profiter de la force de nos images de marque, de notre capital confiance, pour diversifier nos activités en élargissant nos savoir-faire ou en recherchant des partenariats. Certains groupes sont plus avancés que d’autres. A notre taille, modeste (quatre départements), nous misons sur les suppléments à forte valeur ajoutée. Et nous sommes confiants sur les développements de chiffres d’affaires et surtout des marges bénéficiaires dans ce domaine.

 

 

-Donnez-nous l’exemple d’une piste, d’une innovation qui vous a réussi ?

 

Au niveau des Journaux de Loire, nous sommes très confiants quant à la mise en place de sites Internet dans toutes les communes de plus de cinq mille habitants. Le modèle éditorial est à peu près avéré et l’offre commerciale va s’esquisser. Le local reste notre trésor de guerre. A nous de ne pas le dilapider mais de le faire fructifier.

 

 

– Ce colloque à l’IJBA consacré à la PQR, a t ‘il été fructueux ? Avez-vous « avancé », dégagé des solutions communes ?

 

 

Ce colloque m’a permis de retrouver l’Ecole de journalisme où j’ai étudié. Je lui dois beaucoup. J’ai pu mesurer son dynamisme, son degré d’exigence. Et partager des formes d’optimisme et de confiance dans l’avenir. Certains d’entre les professionnels de la PQR se rejoignent sur le fait de définir des stratégies très responsables, très patientes mais très déterminées.

 

ENTRETIEN: Marie Christiane Courtioux

 

 

LE GROUPE DES JOURNAUX DE LOIRE

EN BREF

 Le Groupe des Journaux de Loire, filiale du Groupe OUEST France depuis 2006 édite les quotidiens Le Courrier de l’Ouest, le Maine Libre et Presse Océan et leurs sites internet. IL diffuse 180000 exemplaires (chiffre 2012) sur quatre départements (Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Sarthe, Loire-Atlantique), depuis les imprimeries de Nantes et Angers. Il emploie 330 salariés dont 186 journalistes.

 

Les débats ont été ouverts par François Simon, MCF en Sciences de l’Information et de la Communication, directeur de l’IJBA et Daniel Pouzadoux, président de la Fondation Varenne.

Autour de Marie Christiane Lipani Vaissade, MCF en Sciences de l’Information et de la Communication, directrice adjointe de l’IJBA en charge du pôle presse écrite et

Patrick Eveno, professeur en Histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jean Jacques Cheval, professeur des universités en Sciences de l’Information et de la Communication, université Bordeaux 3

Les représentants des groupes et titres de presse de Pyrénées Presse, La Montagne, Sud Ouest, l’Est Républicain,  Ouest France,  Courrier de l’Ouest, Le Maine Libre, Presse Océan, la Charente Libre, la Provence, Nice Matin. A la caméra, Jean-Michel Destang, grand reporter.

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