Notre confrère Jean Michel Destang sera présent au Festival Les Photographicofolies les 29 et 30 juin prochains à Saint Denis de Pile. Il a choisi d’exposer des photos de plateau réalisées à l’occasion de différents tournages. Il les présente ainsi : SILENCE ON TOURNE ! Lorsque les projecteurs sont « braqués » lire la suite
Notre confrère Jean Michel Destang sera présent au Festival Les Photographicofolies
les 29 et 30 juin prochains à Saint Denis de Pile.
Il a choisi d’exposer des photos de plateau réalisées à l’occasion de différents tournages.
Il les présente ainsi :
SILENCE ON TOURNE !
Lorsque les projecteurs sont « braqués » sur l’Artiste, il JOUE. Le jeu de cette double vie éphémère est souvent un moyen d’expression, un autre Soi, un dédoublement de son image et de ses sentiments. Les personnages qui sont interprétés le temps d’une scène sont souvent mystérieux et habitent les rêves de l’Artiste. Ils se substituent à lui jusqu’à en perdre la raison. Pendant ce temps, derrière chaque projecteur des ombres se déplacent en silence. Elles scrutent le moindre défaut, le moindre faux-pas. Les techniciens, maquilleuses, assistants, réalisateur, ingénieurs du son, accessoiristes, décorateurs, attachés de presse, électriciens, directeur photo, photographe, sont sous le charme et sous le sceau du : « SILENCE ON TOURNE ! ».
Le temps de la prise, ils sont tétanisés, comme figés. Aucun souffle, aucun bruit ne se détache du plateau. Seul l’artiste JOUE !
Il est Maître du temps jusqu’à ce que le réalisateur crie : « COUPEZ ! »
Les photos vous accompagnent en « silence » sur des plateaux de cinéma et de télévision. Elles vous invitent à regarder sous l’œil du photographe, les scènes d’un spectacle vivant qui sont captées à l’insu de tous. Elles contribuent à faire perdurer cette mise en scène de la vie et offre une part de rêve à chacun d’entre nous.
Jean-Michel Destang
Il était une fois l’oeil de Jean-Michel DESTANG
Jean Michel Destang, l’oeil du photographe, et l’oeil du caméraman, est-il le même ?
J-M D : Non car l’un travaille en arrêtant l’image, l’autre en laissant vivre l’image.
Quel est le point commun de cette sélection ?
J-M D : Moments furtifs, moments off, moments intenses, l’histoire d’un film, une certaine empathie avec les personnages
Pourquoi des images » en mouvement » de travelling … de préparatifs…making of ou simples coulisses ( qui semblent joyeuses) ?
J-M D : Pour faire partager l’envers du décors car les équipes techniques décompressent entre deux prises et surtout avec elles, le photographe de plateau est très complice pour pouvoir obtenir plein d’infos et surtout des autorisations. Ce sont les équipes techniques qui vous conseillent et qui vous donnent un coup de main pour réaliser vos photos. ( elles ne coupent pas les lumières , elles font patienter les comédiens et vous préviennent des nouveaux plans à venir)
Et tout d’un coup…ces portraits léchés, percutants, figés … ce Jean Valjean inoubliable !
J-M D : La vedette principale d’un film est sur-protégée. Les moments intimes sont rares ou « volés ». On va chercher la star au dernier moment dans sa loge pour « faire la prise ». Il ne faut surtout pas créer un incident. ( Bruit, choc avec un projecteur, chute d’un objet, toux intempestive, ombre de vous, image de vous en reflet etc….) Donc on chasse et ce genre de cliché est rare. Dès qu’on le peut, on fige le visage tendu et magnifique du sujet concentré sur son personnage.Nous sommes des « chasseurs ».
Photographe de plateau, face à des mises en scènes de fiction, est-on plus… ou moins … libre que face à la vie réelle ?
J-M D : Beaucoup moins, on dit que : «le photographe de plateau doit se trouver là où il ne faut pas qu’il soit». Il est dans un périmètre « obligé » et surtout on lui impose les personnages et les scènes. Les photos de plateau servent la production pour la promotion du film. Elles doivent être au plus prés des scènes et des cadres du film.
Les vraies rencontres – par exemple ici avec Lino Ventura- y sont elles possibles ?
J-M D : Quelquefois, mais la technique est vraiment séparée de la partie artistique. En fin de film quelquefois on est ami avec une star. Mais la sur-protection des artistes
fait que sur les plateaux il y a une scission entre comédiens et artistes. Ce sont deux mondes différents. En revanche d’un film à l’autre, il arrive qu’un comédien que vous avez croisé s’approche de vous et devienne votre ami.
Cette sélection résulte déjà d’un choix… et cependant, y a t’il parmi elles des photos que vous préférez ?
J-M D : Le choix est toujours très difficile, car il émerge d’une sélection impitoyable. On fait des centaines de photos et elles sont souvent synonymes de partages sentimentaux. On apprend très vite à faire un « éditing » ( choix )
Celles qui vous ont le plus marqué, Vous voulez bien en commentez une ou deux ?
J-M D : Le chef opérateur qui dort sur son praticable, est une photo volée. J’étais très pote avec lui et j’ai voulu lui faire un cadeau. Il était très fatigué d’attendre que les décors changent. Il s’est allongé dans cet endroit inconfortable et il s’est endormi. Il a beaucoup rigolé de cette image et il m’a pris en sympathie. J’étais très près de lui lors des prises de vues des séquences du film. J’avais l’impression de ne plus le gêner, on était devenus complices.
Parmi les réalisations que vous avez pratiquées, la photographie est-elle le mode d’expression que vous avez préféré ?
J-M D : Oui sans aucune hésitation, car une vraie liberté individuelle existe entre l’appareil (léger) et les personnages. Vous êtes souples et libre de vos mouvements. Ce n’est pas le cas en télévision ou on est tributaire du matériel, des équipes et d’une certaine technique obligée pour raconter nos histoires.
… Ou est-ce la porte ouverte vers autre chose ….
…oui, aussi …………….. faire des images encore et encore, c’est vraiment le plus beau métier du monde. On nous paye pour ça et ou nous dit merci.
Dialogue: Marie Christiane Courtioux
Très belle interview d’un professionnel hors du commun ! Bravo pour toutes ces années de photos, reportages et professionnalisme.