Le quotidien Le Monde n’est plus dirigé par une femme Faut-il s’en inquiéter ? L’annonce de la démission de Natalie Nougayrède de son poste de directrice du Monde et dans le même temps, pour des raisons assez différentes semble-t-il, celle de Jill Abramson, directrice de la rédaction du New York Times, nous interpellent, mais pas seulement. lire la suite
Le quotidien Le Monde n’est plus dirigé par une femme
Faut-il s’en inquiéter ?
L’annonce de la démission de Natalie Nougayrède de son poste de directrice du Monde et dans le même temps, pour des raisons assez différentes semble-t-il, celle de Jill Abramson, directrice de la rédaction du New York Times, nous interpellent, mais pas seulement. Ces retraits précipités nous attristent et inquiètent. Ils nous attristent car dans les deux cas, il s’agit de femmes placées récemment sur la plus haute marche d’une entreprise de presse prestigieuse, ce qui n’est pas si fréquent, on le sait tous.
Et cela nous dérange. Solidarité féminine ? Parti pris ?…Et alors ? Oui, on assume. On confirme ! Cela nous dérange justement parce que ce sont des femmes. Notre inquiétude se situe bien à ce niveau. Les commentaires évoquent une crise de la gouvernance, des maladresses managériales, les difficultés pour la presse à se transformer à l’ère du numérique… Raideur ou difficulté au dialogue, pas de remise en cause directe de l’ancienne directrice du Monde en tant que femme.
Ο-Mais on ne sait jamais. De telles situations ne pourraient-elles créer une sorte de précédent ?
Sans préjuger ou faire de procès d’intention, ont peut craindre que certains propriétaires de médias, un brin suspicieux ou timorés, hésitent, désormais, à nommer des femmes à la tête des rédactions. Il se murmurait que le jeune PDG de Radio France, Mathieu Gallet, qui a pris ses fonctions lundi 12 mai, nommerait une femme à la tête de France Info. Et c’est Laurent Guimier qui est sorti du chapeau. sans doute sans aucun rapport, car l’homme a toutes les compétences. Une femme, Marie-Pierre de Surville a été chargée de France Musique, hautement moins stratégique dans la compétition pour l’audience des news. En réalité, pour en juger, tout le monde attend le choix pour la direction de France Inter où Laurence Bloch tiendrait la corde… A suivre donc.
En revanche, pour le départ de Jill Abramson, selon le New Yorker , la directrice de la rédaction, connue pour son « fichu caractère » aurait démissionné parce que son salaire était bien inférieur à celui de son prédécesseur (un homme). Oui on y revient, à la situation qui en dérange plus d’un : l’égalité homme-femme au sein des entreprises et en particulier au sein des médias.
Ayant posé la question de la place des femmes dans la direction des rédactions et des médias, lors d’un débat, le 6 mars dernier à l’IJBA, nous souhaitons le poursuivre.
Au sein du groupe de travail La gouvernance des médias : osons les femmes, l’égalité professionnelle et plus spécialement la possibilité pour les femmes d’accéder, avec plus ou moins de facilité, à des postes éditoriaux, est le cœur de nos réflexions. Parlons-en !
Marie Christine Lipani
Directrice adjointe de l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine – Université Bordeaux Montaigne
Journaliste
Directrice de la revue « Jeunes et médias. Les cahiers Francophones de l’Education aux Médias »
Marie Christiane Courtioux
journaliste, web-editeur senior
ancienne rédactrice en chef à RMC
past présidente du Club de la Presse de Bordeaux