Et il en attend beaucoup…davantage ? L’ODI ( Observatoire de la Déontologie de l’Information ) groupe de Bordeaux ( 5.0), dont sont membre l’ALIMSO, le Club de la Presse de Bordeaux et le journal Sud Ouest, proposait le 26 novembre dernier* une réflexion sur le thème, assez répandu, de la défiance des publics vis à lire la suite
Et il en attend beaucoup…davantage ?
L’ODI ( Observatoire de la Déontologie de l’Information ) groupe de Bordeaux ( 5.0), dont sont membre l’ALIMSO, le Club de la Presse de Bordeaux et le journal Sud Ouest, proposait le 26 novembre dernier* une réflexion sur le thème, assez répandu, de la défiance des publics vis à vis des journalistes et des médias.
D’où le titre un peu provocateur :
« Journalistes, pourquoi vous ne les aimez plus ! »
Après une présentation de l’objet de l’ODI (« Nous ne sommes pas des censeurs« ) par Jean Marie Dupont (ancien président de la Société des rédacteurs du Monde et ancien délégué régional à France 3 Aquitaine)…
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Mais ce n’est pas d’aujourd’hui que les journalistes se préoccupent de déontologie c’est-à-dire des règles et des devoirs qui devraient régir l’exercice de leur profession : la première charte sur le sujet a été rédigée par le Syndicat National des Journalistes (SNJ) en 1918, mise à jour en 1938. En 1971, au congrès de Munich, la Fédération internationale des journalistes a adopté une Déclaration des Droits et des Devoirs des journalistes. Le débat a repris récemment à la suite de nombreux dérapages. Les Assises internationales du journalisme ont adopté à Lille en 2008 une charte Qualité de l’Information, et à l’issue des Etats généraux de la Presse écrite qui se sont tenus la même année à l’initiative du Président de la République, Nicolas Sarkozy, un projet de code déontologie destiné à être annexé à la Convention Collective Nationale des Journalistes a été élaboré par un comité présidé par par un comité présidé par Bruno Frappat, ancien rédacteur en chef du Monde puis de La Croix, ancien PDG de Bayard. Mais ce projet, pas plus que les précédents, n’a fait l’unanimité de la profession.
LIRE ICI l’INTEGRALITE DU TEXTE DE Jean Marie Dupont
…L’Association n’est pas un tribunal qui prononce des condamnations ; l’ODI se veut un lieu de pédagogie « contribuer, selon l’article 2 de ses statuts, par ses réflexions, ses travaux (…) à la prise de conscience de l’importance de la déontologie dans la collecte, la mise en forme et la diffusion de l’information au public ». L’ODI analyse au cas par cas les dysfonctionnements, les dérapages des journalistes et des médias en s’efforçant d’en déceler les causes et d’en tirer les leçons ; dans le rapport annuel qu’il publie (consultable sur son site ODI.media), il met aussi en avant les « bonnes pratiques » de la profession.
→Le meneur de jeu, modérateur et arbitre, Jean Petaux ( politologue, chargé de la communication de Sciences PO Bordeaux) a rappelé le constat qui justifie le débat : le Baromètre de confiance dans les médias TNS-Sofres-La Croix.
Le tout dernier publié remonte à janvier 2015, juste après les attentats de Paris contre Charlie et contre l’Hypercasher.
ICI le baromètre confiance dans les médias TNS-Sofres-La Croix 2015
De ces chiffres, il a été retenu que le climat est en amélioration visible. Le public est globalement satisfait du travail de restitution des faits ( 58%). En revanche, les plus gros doutes portent sur l’INDEPENDANCE des journalistes au sein de leurs médias.
Avant d’amorcer les témoignages des journalistes invités, Thierry Magnol, médiateur de Sud Ouest, Xavier SOTA, red chef Le Mag de Sud Ouest, Sophie Lemaire, red chef Bordeaux7, Antoine Estève, grand reporter, red chef WE à I-Télé,
Il avait été demandé à Marie Christiane Courtioux ( ancienne présentatrice RMC Midi et red chef à RMC) de rappeler des éléments de chronologie.
Ainsi, la définition très récente de la profession de journaliste ( Liberté de la Presse juillet 1881, Commission de la carte professionnelle, mai 1936), et l’indépendance tout aussi récente de la télévision en France, monopole public d’Etat de 1958 à 1975 ( fin de l’ORTF). On attend 1981 pour la libéralisation des radios, 1982 pour la création d’une haute Autorité chargée de nommer les patrons de chaines en toute indépendance du pouvoir, 1987 pour la privatisation de la première chaine (TF1), et janvier 1989 pour le CSA.
Rien d’étonnant à ce qu’une certaine confusion règne parfois dans les esprits entre journalistes, polémistes, animateurs, blogueurs, influenceurs, experts, etc.
La confusion des genres étant, de plus, accrue avec l’arrivée des nouveaux médias sur lesquels on trouve tout, le meilleur comme le pire de la désinformation.
Ce qui n’excuse pas les dérapages et les accidents de parcours.
Et de rappeler la photo volée du petit Grégory, les soupçons sur les « paparazzis » dans la mort accidentelle de la Princesse Diana…la naissance du « politiquement correct », un fossé creusé entre les médias dominants et une certaine opinion qui s’est sentie muselée, avec un point culminant lors du referendum européen de 2005.
Que faut-il retenir de ce que les journalistes ont raconté de leur métier ?
La public a été sensible au fait qu’ils se sont confiés, tout autant qu’exprimés, avec simplicité et sincérité. Reconnaissant certains de leurs ratés déontologiques, plus par méconnaissance des conséquences que mauvaise volonté. Successivement, le médiateur, le fait-diversier, la rédactrice en chef d’une équipe de 3 pour une production quotidienne, le grand reporter-rédacteur en chef d’une chaîne en continu, ont raconté les pièges et le difficile équilibre entre information exclusive, course contre la montre, et vérification des faits en « live ».
De toute évidence, le public est friand de ces confidences. Beaucoup moins de ce journalisme « inquisiteur » qui soumet les jeunes ministres à la question, au point parfois de les humilier !
Invité comme « interpellant », Noël Eyrignoux, ancien haut fonctionnaire et conseil à la diversité à Sciences PO, a surtout exprimé les attentes, plutôt que les critiques, de la part du public. Soulignant le pouvoir de l’information, condition sine qua non de la vie démocratique.
(Son intervention intégrale à venir)
Et nul besoin d’humilier les invités dans ces shows à l’allure de rings de boxe qu’on nous offre souvent. (HUFFINGTON POST)
Présents en nombre et questionnés sur l’enseignement reçu, les étudiants de l’IJBA ont précisé que l’enseignement de la déontologie leur est largement dispensé.
Quant au public, il a surtout demandé qu’on le prenne en considération…et qu’on veuille bien répondre à ses coups de fil ! Le journaliste apparaît trop occupé par son travail, enfermé dans sa bulle, et trop éloigné des préoccupations des lecteurs.
Déontologie : une place pour le public
Xavier Sota, en illustrant par un témoignage que le fait-diversier, seul sur la ligne de crête, peut déraper et Antoine Estève, aux commandes de la rédaction d’I-Telé avec 16 vérificateurs en direct de Paris, Saint-Denis et Bruxelles, ont donné la mesure du travail accompli sur soi et en interne, après les tueries de janvier, pour éviter les erreurs qui éloignent les journalistes des citoyens.
A parler vrai, les idées progressent, mais il serait dommage de s’en tenir là.
Je pense, comme la Cfdt Journalistes, membre fondateur de l’ODI en 2012 et ayant appelé en 2011 à la création d’un conseil de presse face aux dérives dans le traitement de l’information, que la parole devrait être davantage donnée au public dans une approche tripartite (éditeurs, journalistes et public). Ceci en plus de la reconnaissance des équipes rédactionnelles, l’intégration d’une charte de déontologie dans la convention collective des journalistes et l’engagement de chaque média à respecter les chartes existantes ou à négocier.
Richard Hecht, CFDT Journalistes
C’est précisément la mission du médiateur de pallier cette distance, et d’Alimso ( présidée par Marcel Desvergne) d’entretenir le dialogue.
ALIMSO, l’association des Lecteurs, Internautes et Mobinautes de SUDOUEST, tout en restant extérieur aux choix éditoriaux du journal car se sont les journalistes qui agissent, avait décidé d’adhérer à l’Observatoire de la Déontologie de l’Information qui regroupe des éditeurs, des journalistes et des représentants du public, comme le rappelle Jean Marie Dupont.
Nous avons, avec des représentants du Club de la Presse de Bordeaux et des citoyens attentifs et engagés sur ses questions, mis en place l’ « ODI Bordeaux 5.0 ». Nous sommes fiers, qu’en région, s’organise une réflexion positive sur la place et les valeurs de l’information garant d’une démocratie ouverte.
D’ailleurs c’est bien autour du concept de confiance entre les médias, les journalistes et les citoyens lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, bloggeurs, réseauteurs, que se sont déroulées les interrogations et les échanges au cours de ce premier débat : JOURNALITES : POURQUOI NOUS NE LES AIMONS PLUS ?
Notre association, amis de SUD OUEST, compte poursuivre, dans la zone de diffusion du quotidien, un travail de relations entre ses lecteurs, quelque soit la façon d’intégrer les informations – verticales, transversales, partagées – et les professionnels fabriquant et organisateur de cette information. Donner du sens aux mutations de notre société via les médias implique quelques règles déontologiques auxquelles nous nous referons.
ALIMSO : www.alimso.fr
On a même eu droit à d’émouvants vers de mirliton d’un aîné, un parisien, rappelant qu’il avait vécu son enfance sous le diktat de la gestapo au rythme de « Radio Paris ment » ! Et livrant cette conclusion inattendue » Journalistes, je vous aime ! » sur un sourire général de l’assistance.
Compléments d’information :
Affaire Villemin : « Le bûcher des innocents » le livre de Laurence Lacour
La TNS Sofres, numéro 1 mondial des études, publie mensuellement des baromètres politiques
Un chapitre de l’histoire de nos médias : Sur INA.FR « 1958-1969, la télé du Général »
Suggestion : » Night Call », sur Canal +, ce samedi, l’exemple … à ne pas suivre.
Lire : « Informer n’est pas un délit »
Texte de liaison et réalisation Marie Christiane Courtioux