Festival AJAR 2024 credit photo Gabriel Taieb

L'association des journalistes antiracistes et racisé.e.s (AJAR) a réussi son pari : rassembler près de 200 personnes par jour à l'occasion de leur premier festival organisé le week-end du 5 et 6 octobre à la Friche de la Belle de Mai à Marseille. L'événement a pour cela réuni plus d'une vingtaine de conférencier.e.s venue partager leur expérience et leurs moyens pour lutter contre le racisme dans les médias.

Les 5 et 6 octobre derniers, le Club de la Presse Bordeaux Nouvelle-Aquitaine s’est rendu à Marseille pour le premier festival de l’Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s (AJAR). Une rapide présentation du festival en compagnie de Arno Soheil Pedram et Christelle Murhula, co-président et co-présidente de l’AJAR.

Regroupant plus d’une centaine de journalistes professionnels, l’Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s (AJAR) s’attèle à lutter contre le racisme dans la profession, que ce soit dans ses processus de recrutement, des écoles aux rédactions, à ses pratiques dans les différents champs de productions journalistiques. 

Dévoilée au grand public en mars 2023 après la publication d’une tribune dans Libération, l’AJAR a décidé de sauter le pas et d’organiser son premier festival à Marseille les 5 et 6 octobre derniers. Symbole de leur réussite, près de 200 personnes ont répondu présentes chaque jour au rendez-vous.

En appui, plusieurs associations partenaires et engagées ont également fait le déplacement. Prenons la Une, Profession pigiste, Urgence Palestine Marseille, le Syndicat national des journalistes (SNJ) ou encore l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bi-e-s, trans et intersexes (AJL), étaient de la partie pour présenter leurs actions et sensibiliser les publics présents. 

Jordan Bardella : « Il a été comme ça parce que je suis une femme noire »

Ces moments où les violences racistes remontent aux journalistes sont multiples, se présentent sous divers formes et postures, mais conservent le même effet destructeur, comme l’on démontré les différent.e.s intervenant.e.s tout au long du week-end au cours des huit tables rondes portées par l’AJAR.

« Il a dit que j’étais trop agressive, que j’avais ma carte au parti ». Barbara Olivier-Zandronis, journaliste, réalisatrice et ancienne présentatrice du 13 heures de Radio Caraïbes International (RCI), s’est vue débarquée de la station pour une interview documentée, factuelle et contradictoire. Son invité ? Jordan Bardella, président du Rassemblement National, alors en pleine campagne pour les élections européennes de juin dernier. 

Si l’absence de soutien de sa rédaction fut un choc en soi, ce n’est pas sans émotion, et considérant ceci comme l’événement le plus important de sa carrière professionnelle, que Barbara Olivier-Zandronis a pu confier à l’audience : « C’est là que j’ai compris. Il a été comme ça parce que je suis une femme noire ». 

Sensibiliser en dehors du prisme parisien

Décentraliser le rendez-vous s’est posé comme une évidence pour les organisateur.ice.s, et Marseille remplissait le cahier des charges. Point de chute de nombreux adhérent.e.s membres de l’association, la cité phocéenne, symbole de multiculturalisme en France, a notamment servi de base de réflexion aux conférencier.e.s présent.e.s. 

Sur la question du traitement médiatique des personnes racisées, un grand oral introspectif pour la presse locale marseillaise a ainsi eu lieu malgré l’absence du quotidien La Provence excusée pour cause de déménagement. Reprise des termes de l’extrême droite, mise en exergue excessive de personnes racisées dans les faits divers et sous-représentation des minorités racisées dans les rédactions, de nombreuses questions ont ainsi pu être posées et de fortes incohérences pointées.

Au-delà du cas pratique marseillais, d’autres sujets comme la blanchité dans les médias d’outre-mer, la réduction des banlieues aux processus d’immigration ainsi que l’analyse historique de l’antitsiganisme dans la presse, ont été abordés. Autant de sujets dont le débat public doit enfin s’emparer pour tendre vers une égalité tant espérée au sein des rédactions, mais qui mènerait, avant tout, à la juste représentativité des minorités racisées sur le terrain.

Revivez le festival en images !


Texte : Paul Bureau, journaliste et membre actif du Club
Credit photo et vidéo : Gabriel Taïeb, journaliste et membre actif du Club

Retrouvez l’AJAR sur Instagram et sur X ou sur leur site internet : https://ajaracisees.fr/

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