Ce jeudi 27 juin, le président de la Communauté urbaine de Bordeaux et candidat PS aux municipales à Bordeaux en 2014 était l’invité du mois du Club de la presse. Il n’a éludé aucune question pendant plus d’une heure, réagissant à l’actualité (rapport Duron sur les transports), livrant des infos exclusives sur la mise à lire la suite
Ce jeudi 27 juin, le président de la Communauté urbaine de Bordeaux et candidat PS aux municipales à Bordeaux en 2014 était l’invité du mois du Club de la presse. Il n’a éludé aucune question pendant plus d’une heure, réagissant à l’actualité (rapport Duron sur les transports), livrant des infos exclusives sur la mise à 2×3 voies de la rocade bordelaise et se confiant comme rarement sur son arrivée en politique
L’entretien avec les journalistes – Claudia Courtois, pour le Club de la presse, Yves Maugue, rédacteur en chef de France Bleu Gironde, Xavier Sota pour Sud Ouest, et Stéphanie Lacaze, correspondante de Libération à Bordeaux- a débuté par un sujet chaud : le rapport Duron sur les transports, qui suggère au gouvernement de reporter la LGV Bordeaux-Hendaye à 2030, mais maintient, en revanche, le calendrier pour la LGV Bordeaux-Toulouse. « Je ne suis pas surpris compte tenu de l’état des finances publiques », a-t-il confié. « Le problème, c’est qu’en Aquitaine, nous avons pris des décennies de retard. Par exemple, je ne connais aucune ville de France qui continue à faire des ponts de franchissement en 2013. Le tramway est arrivé à Bordeaux avec dix ans de retard », a analysé l’élu.
La LGV Bordeaux-Hendaye n’est pas enterrée
Mais, Philippe Duron lui aurait confié hier que si « d’autres projets de LGV n’avancent pas, on pourrait à terme rapatrier des crédits sur la LGV Bordeaux-Hendaye. N’oublions pas, non plus, que nous payons la forte opposition au projet au Pays Basque, même si elle est minoritaire », a rappelé Vincent Feltesse. Il a insisté sur l’importance de la LGV Bordeaux-Toulouse. « Nous ne serons plus qu’à une heure. C’est une bascule énorme pour Bordeaux, qui souffre de ne pas avoir d’arrière-pays. C’est quelque chose d’extraordinaire pour la dynamique métropolitaine ». Autre information exclusive concernant les transports glissée par le président de la CUB : « le financement de la mise à 2X3 voies de l’ensemble de la rocade est bouclé ». Il donnera les détails dans quelques jours. A priori, ce serait un deal gagnant-gagnant avec les grands groupes de BTP comme Vinci. En échange du rallongement de la durée de certaines concessions d’autoroutes, ces derniers débloquent des fonds pour la rocade bordelaise.
Vincent Feltesse se dit « satisfait » de son début de campagne
Mais, l’autre sujet sur lequel, les journalistes attendaient Vincent Feltesse, c’était plutôt les municipales à Bordeaux. Candidat socialiste officiellement depuis deux semaines, il aura fort à faire pour détrôner le maire actuel, Alain Juppé, ancien ministre et fondateur de l’UMP. Répondant à une question d’Yves Maugue sur son début de campagne, il s’est dit « satisfait ». « Les échos que j’ai des kebabs, cafés, des personnes rencontrées lors d’assemblées générales… sont bons. Et, quand votre adversaire change son calendrier, c’est que vous avez réussi quelque chose », a-t-il mis en avant. Ajoutant aussitôt, qu’il « mesure la difficulté de l’exercice face à un maire qui est la 3ème ou 4ème personnalité politique préférée des Français, au bilan apparent positif ». Vincent Feltesse regrette qu’il y ait encore d’importantes poches de pauvreté à Bordeaux (25% de la population bordelaise vit sous le seuil de pauvreté) et que moins de 50% des diplômés restent dans l’agglomération à l’issue de leurs études. Pour lui, il y a deux mondes, la ville-centre et le reste.
« Je serai maire de Bordeaux en 2014 »
Interrogé sur ses chances de victoire, Vincent Feltesse a répondu qu’il y allait pour « gagner », convaincu « qu’il sera le maire de Bordeaux dès 2014 », en s’appuyant sur sa victoire aux municipales à Blanquefort. A l’époque, peu d’observateurs de la vie politique croyaient en ses chances. Pourtant, « je suis devenu le 1er maire de gauche à Blanquefort à 33 ans ». Autre atout, il a le PS au niveau local et national derrière lui. « Regardez la photo lors de l’annonce de ma candidature au café du port, tout le monde était là. Cela ne s’était jamais vu ». Comme lui a fait remarquer Claudia Courtois, correspondante du Monde et du Point en Gironde, « pour la première fois, le PS semble se donner les moyens de gagner ».
Retour sur le parcours en politique de Vincent Feltesse
Chose rare, Vincent Feltesse s’est ensuite livré sur son arrivée en politique. « J’ai toujours eu le goût de la chose publique. J’ai été délégué de classe pendant toute ma scolarité. Ma première pétition date du CE1. A 8 ans, j’ai écrit mon premier éditorial dans un journal para-politique contre… Raymond Barre », a-t-il raconté. Avant de devenir socialiste, il a d’abord versé dans le communisme, influencé par sa mère, militante communiste et son lieu de vie, la Seine-Saint-Denis. Vincent Feltesse dit être entré à HEC par un concours de circonstances. C’est un ami qui lui a parlé de cette école en Terminale, qu’il ne connaissait pas jusque-là. Ensuite, il a été enseignant, journaliste, une petite expérience à Libération et « nègre » pour des livres, notamment auteur du livre « De la brousse à la jungle », du général Bigeard. Un ouvrage, qui s’est vendu à plus de 130.000 exemplaires. Son arrivée à Bordeaux s’est faite aussi par un concours de circonstances. Venu pour un mariage avec sa femme, il a trouvé la ville formidable. Et, une belle opportunité professionnelle s’est présentée. En 1994, Philippe Madrelle, président du Conseil général de Gironde, lui a proposé de devenir conseiller technique en charge des affaires sociales. « J’ai dit oui, car c’était dans les affaires sociales ».
La « révélation de Blanquefort »
Puis, il a gravi les échelons. En juin 1997, Daniel Vaillant, Ministre des relations avec le Parlement, l’a pris sous son aile comme chargé de mission. En avril 1998, Alain Rousset, tout juste élu président du Conseil régional d’Aquitaine, l’a ensuite choisi comme directeur de cabinet. Le déclic pour le futur élu a été Blanquefort. « C’était une révélation à moi-même ». Il a « adoré » aller au contact des gens. « Cette campagne, c’est d’abord de formidables rencontres », se souvient-il. Une campagne réussie, qui découle aussi d’une fine observation des pratiques des élus locaux et nationaux de tous bords. Quels sont ses modèles ? « Je regarde en permanence. J’ai observé comment André Labarrère entrait dans une salle, Alain Rousset, Philippe Madrelle, Barack Obama, Alain Juppé… ». Il s’est aussi dit « fasciné la personnalité de Jacques Chaban-Delmas, dont le contact avec les gens était très particulier lors de son premier mandat ».
Quel impact du climat politique national sur Bordeaux ?
Questionné sur l’impact du climat politique national, Vincent Feltesse a répondu que Bordeaux ne semblait pas en tenir compte. « Regardez, en 2007, Alain Juppé est battu aux législatives, alors qu’il y a une vague bleue à l’Assemblée nationale », a-t-il cité en exemple. Pour lui, c’est un mauvais procès qui est fait actuellement aux socialistes. « Quand Lionel Jospin est battu et quitte le gouvernement, les comptes de l’Etat sont à l’équilibre », a rappelé l’élu. La clé de cette campagne municipale à Bordeaux ? « C’est le bouche-à-oreille qui sera le plus important », a conclu Vincent Feltesse.
Nicolas César
A lire aussi : cette conférence a donné lieu à plusieurs reprises de nos confrères :
Sud Ouest : http://www.sudouest.fr/2013/06/27/vincent-feltesse-negre-de-bigeard-1098973-660.php
France Bleu Gironde : http://www.francebleu.fr/infos/vincent-feltesse/vincent-feltesse-quand-le-negre-du-general-bigeard-attaque-la-mairie-de-bordeaux-685224