FIJ 2024 - reves de jeunes journalistes ok

Nassira El Moaddem, présentatrice de l’émission Arrêt sur images et Azzedine Ahmed-Chaouch, journaliste à Public Sénat se sont interrogés sur les attentes des jeunes journalistes. De quoi imaginer aussi ce que pourrait être le futur de cette profession.

« Beaucoup de jeunes veulent faire ce métier pour avoir un impact sur la société », souligne Nassira El Moaddem, journaliste à Arrêt sur images, et ancienne directrice du Bondy Blog entre 2016 et 2019. Ce média en ligne créé au moment des révoltes urbaines de novembre 2005 a pour objectif de donner la parole aux habitants des quartiers populaires. La rédaction est composée de journalistes professionnels aguerris, mais aussi d’étudiants en formation et de jeunes journalistes qui débutent leur carrière.       

« A mon époque nous étions fascinés par les sujets nationaux et la télévision. Ce n’est désormais plus le cas, les jeunes de la nouvelle génération s’intéressent avant tout à ce qui se passe à côté de chez eux, et veulent avoir un impact un niveau local », constate la journaliste. 

Être acteur d’un changement

« Pour eux, aujourd’hui la télévision c’est un peu ringard, confirme Azzedine Ahmed-Chaouch, responsable de la formation télévision du master journalisme de l’École de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille (EJCAM). Ce qui est en vogue c’est davantage d’être acteur d’un changement, sur les sujets d’écologie par exemple ». 

« Je souhaite faire ce métier pour être au cœur des événements, pour faire office en quelques sorte d’historien du présent, confie un étudiant de l’EJCAM présent dans le public. L’ École de journalisme nous cadre, mais il faut être conscient que ce métier sera complètement réinventé dans quelques années. La formation nous donne des pistes, des clés et ouvre même des portes. Mais il faut dépasser cela, ne pas attendre qu’on nous donne tout dans la main ». 

Nouveaux formats

Résultat : face à de tels changements de mentalités, les rédactions sont un peu perdues, constate Azzedine Ahmed-Chaouch. « Pour les jeunes journalistes c’est une réelle opportunité, car ils devront définir ce que sera le futur des médias. Ils vont notamment devoir créer de nouveaux formats ». 

Mais cela va prendre du temps, tempère l’ancien journaliste de l’émission Quotidien : « avant de changer le système, il faut y entrer. Et pour cela il y a nécessairement des règles journalistiques à respecter, qui sont enseignées dans les écoles de journalisme ». 

Nassira El Moaddem conseille donc aux jeunes journalistes de se former sur différents types de supports, même si « en École de journalisme, il n’y a souvent pas d’autres choix que de suivre un système avec des spécialisations ». « J’ai été formée à la télévision, mais j’ai été également été amenée à faire de la radio et du podcast au cours de ma carrière », indique la journaliste d’Arrêt sur Images. 

Mais changer les médias de l’intérieur ne sera vraiment pas chose aisée, avertit Nassira El Moaddem : « Il y a un vrai problème de verticalité hiérarchique dans un certain nombre de médias. Mon conseil aux plus jeunes serait donc d’aller investir ces espaces, et de trouver des alliés dans les rédactions. Nous sommes dans un métier où il faut se faire beaucoup violence. Tant que le système restera aussi vertical, on ne peut pas faire autrement ».

Texte : Thomas Allard, journaliste et membre du Conseil d’Administration du Club

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Liens et sources :

Le site du Bondy Blog : https://www.bondyblog.fr/

Interview de l’Observatoire Européen du journalisme – Jean-Marie Charon (sociologue) : « Le doute apparaît très tôt chez les jeunes journalistes » : https://fr.ejo.ch/economie-medias/le-doute-chez-les-jeunes-journalistes-selon-jean-marie-charon

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