Du 12 au 17 septembre, le journal s’empare de la thématique des féminicides sur tous ses supports. Le fruit d’un travail collectif mené sur une année.
Depuis ce lundi 12 septembre et jusqu’à la fin de la semaine, le journal Sud Ouest se mobilise contre les féminicides, en publiant un dossier thématique sur l’ensemble de ses supports rédactionnels, papier, Internet et réseaux sociaux.
Ce projet est né au sein du Médialab, un comité d’innovation éditoriale animé des journalistes du siège ou d’agences et de spécialités diverses (rédacteurs, faits-diversiers, journalistes sportifs ou du web, localiers, secrétaires de rédaction). Objectifs : chercher de nouveaux formats éditoriaux, et de nouvelles façons d’aborder l’information.
Dès la première réunion de ce comité, la thématique des violences conjugales, et des féminicides s’est imposée : l’affaire Chahinez, cette jeune mère de famille de 31 ans brûlée vive par son mari, à Mérignac, juste devant son domicile, était encore dans toutes les têtes. L’intérêt du sujet était aussi corroboré par les statistiques : en 2021, en France, 122 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur (ex) conjoint, un chiffre en hausse de 20 % par rapport à 2020 ; tandis que l’Aquitaine est la deuxième région la plus touchée par ce fléau.
Le thème était trouvé, il restait à ajuster l’angle
Deuxième constat : jusque là, les articles sur les féminicides faisaient la part belle à l’agresseur. Et pour cause : c’est sur lui que le journaliste obtient le plus de matière, notamment au cours du procès d’assises, où la victime est la grande absente.
D’où l’idée de prendre le contrepied : faire revivre la victime, se concentrer sur elle, en l’omettant lui, l’agresseur. Une autre façon d’évoquer le féminicide, en se focalisant sur la vie de ces femmes.
Ainsi, la rédaction a choisi de faire le portrait de six victimes. Une série titrée « Elles s’appelaient ». Elles s’appelaient Chantal Monté, Noëlle Malbec, Elodie Kaszuba, Peggy Meunier, Zahoua Hacini, Virginie Provost. Elles avaient 19 ou 72 ans, étaient mères, sœurs, ou grands-mère, habitaient Bordeaux, Pau ou Bergerac. Sud Ouest raconte leur histoire, leurs passions et leurs rêves, décrit leur sourire, la couleur de leurs yeux, les montre en photo, aux côtés de leurs enfants.
Des portraits étayés par les témoignages de leurs proches, les plaidoiries des avocats, complétés par des analyses, notamment un article sur Christelle Taraud, historienne, chercheure et auteure de « Féminicides, une histoire mondiale ». Ou encore l’interview de Charlotte Béluet, procureure à Auch en 2019, l’une des premières magistrates à utiliser le terme de féminicides.
Des contenus complémentaires, notamment un diaporama sur les féminicides en Aquitaine en 2021, des vidéos avec les témoignages des familles, et des podcasts sont aussi proposés sur sudouest.fr mais aussi sur le Facebook du journal, le compte instragram, youtube et tiktok. Un QR code renvoie à l’ensemble du dossier.
Enfin, la nouvelle rédactrice en chef de Sud Ouest, Flore Galaud, signe un édito engagé et titré « Féminicides : l’état d’urgence ».