Nouvelle plateforme de fact-checking de RSF : Journalism Trust Initiatuve (JTI).

Le Classement mondial de la liberté de la presse 2021 par RSF avait fait le sinistre constat que 12 % des 180 pays évalués se trouvaient dans une situation dite « très grave » (1).  La principale victime : la liberté d’expression. La seconde : la perte de confiance en l’information, en la voix journalistique. Nombreuses sont les lire la suite

Le Classement mondial de la liberté de la presse 2021 par RSF avait fait le sinistre constat que 12 % des 180 pays évalués se trouvaient dans une situation dite « très grave » (1).  La principale victime : la liberté d’expression. La seconde : la perte de confiance en l’information, en la voix journalistique. Nombreuses sont les études à parler désormais de méfiance envers la presse, les médias, envers la politique… Mais alors, quelle solution pour lutter contre cette suspicion maladive ?

Médias et méfiance ou l’amalgame d’une opinion publique désolée

Le 18 mai 2021, l’ONG Reporters Sans Frontières a lancé sa plateforme Journalism Trust Initiative (JTI). La réponse à la mésinformation, aux « fake news » : cette plateforme en serait l’auteure. Pourtant, de nombreuses techniques de « fact-checking » (= vérification de l’information et de ses sources) existent déjà. Elles peuvent, par exemple, se traduire par des recherches inversées de photos, des retours vers la source primaire, une (re)vérification des dates, des chiffres, des noms, etc…

Des missions que se donnent certaines émissions comme Le Vrai du Faux de FranceInfo, ou encore le dispositif Fake Off de 20 Minutes tout comme la rubrique du Monde : Les Décodeurs. Le Gouvernement Français avait même lancé le site Désinfox (2) pour rassembler les informations véridiques autour du sujet Covid-19. Plus récemment, c’est Twitter lui-même qui veut lutter contre la mésinformation circulant dans les feeds de ses utilisateurs. Bientôt, les tweets dont le contenu est jugé « à caractère trompeur » seront signalés par un fond rouge et seront impossibles à liker, commenter et partager. Les tweets contenant certaines informations « erronées moins graves seront, quant à eux, marqués en orange » (3). Le réseau social composera également une équipe dédiée au fact-checking. Cette dernière permettra d’ajouter des informations vérifiées sur les sujets de ces fameux tweets étiquettés en orange et en rouge. L’éradication de l’ensemble de ces fausses voix étant mission impossible à l’instant ; c’est un pari vers la multiplication de sources fiables qui est donc lancé.

Face à tous ces processus de lutte contre les fake news, quelle est la formule de la plateforme de RSF ?

Réaffirmer la fiabilité des médias avec la plateforme JTI

Il s’agit d’une auto-évaluation soumise à un média, à un organisme éditorial qui souhaite assurer la véracité de son contenu. Elle est décernée sous forme de label à l’entité qui en a fait appel.

Pour y avoir accès, l’entité médiatique accepte de faire vérifier la conformité de son contenu en fonction du cadre de référence : la “norme” JTI (4), en interne. Une fois cette vérification effectuée, elle peut être publiquement publiée. Le but : dévoiler en toute transparence à son audience les résultats de fiabilité du contenu de l’entité médiatique en question.

Pour imposer sa valeur différenciative quant aux autres techniques de « fact-checking » existantes, la « norme » JTI est obtenue à la suite d’une analyse qui suit une « liste de critères développés par RSF, en collaboration avec plus de 130 organisations et acteurs de l’industrie des médias, du monde universitaire, des organismes de régulation et d’autorégulation, des entreprises technologiques et du secteur du développement des médias » (4).

Comme la volonté de rasseoir la crédibilité de certains médias est grande, l’outil permettant de l’assurer se doit d’être à la hauteur. Les acteurs mobilisés dans la conception de ces critères sont donc issus d’organismes sérieux et reconnus.
L’intérêt de crédibilité de cet outil est de taille. Il l’est d’autant plus au vu du discrédit presque automatique que l’on donne à l’information moderne. Un discrédit automatique à tort et à raison. A raison concernant le flux impressionnant d’informations sur les canaux digitaux et leurs algorithmes (alias les réseaux sociaux qui nous enferment dans des silos). Mais qui entachent malheureusement à tort les médias traditionnels. En effet, c’est cette perte de confiance en ce que relate la presse qui est véritablement alarmant. C’est pourquoi, « le cadre de référence a été publié par le Comité européen de normalisation (CEN) » (4). La preuve que Journalisme Trust Initiative est un instrument s’ajoutant aux « alliés de la vérité » qui essaient petit à petit de ranimer cette confiance bien trop abîmée.

Une mission : retrouver la relation à la vérité d’avant pour rééduquer l’opinion publique outrageusement prudente d’aujourd’hui.

Kim Gaborieau

Sources

 

 

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