Le 15 juillet dernier, dans le cadre du festival international de Journalisme de Couthures-sur-Garonne, avait lieu une table ronde sur le thème « littérature et écologie ». L’occasion de revenir avec 3 auteurs sur la manière dont ils abordent les divers enjeux environnementaux dans leurs ouvrages.
« En France, la relation entre littérature et écologie n’a rien d’évident », annonce en préambule Lucile
Schmid co-fondatrice de La Fabrique écologique, un think thank spécialisé dans l’écologie politique.
« Et pourtant, le fait d’associer littérature et écologie nous permet d’éprouver nos contradictions. C’est pour cela qu’il y a 7 ans, nous avons décidé de créer un prix littéraire afin de récompenser les romans et les ouvrages dans lesquels l’écologie occupe une place centrale », poursuit Lucile Schmid. Selon elle, il s’agit d’interroger, à travers la fiction notamment, le modèle de société vers lequel nous nous projetons, dans un contexte où l’on atteint des limites planétaires.
Littérature engagée
Pour Hélène Laurain, l’auteure du roman « Partout le feu », le travail d’écriture s’appuie avant tout sur le réel : « on collecte ce qui vient à nous, ce vers quoi notre attention se dirige ». Elle cite notamment le procès intenté contre des militants de l’ONG Greenpeace qui avaient allumé des feux d’artifice à la centrale nucléaire de Cattenom en octobre 2017. A travers son roman, le lecteur suit l’histoire d’une jeune activiste qui a participé à une action similaire. « C’est un livre d’engagement car je crois très peu à l’objectivité. Les faits sont très forts et s’inspirent de la réalité militante. Mais j’ai voulu dès le départ signaler qu’il s’agissait d’une fiction, afin de bénéficier de toute la liberté qu’apporte ce style d’écriture », souligne l’auteure.
Enquête en immersion
Le journaliste indépendant Quentin Guillon, auteur de l’ouvrage « De la Terre à l’Assiette », relate quant à lui le quotidien bien réel d’un restaurateur et de maraichers installés au Pays Basque qui tentent de renouer avec l’autonomie alimentaire. « Je ressens une nécessité de m’engager, et la forme littéraire le permet », souligne le journaliste. En s’immergeant pendant 3 mois dans le quotidien des protagonistes le journaliste livre un récit à travers lequel « les lecteurs peuvent s’identifier aux personnages du livre », assure Quentin Guillon. « L’idée est de rendre cette histoire accessible au plus grand nombre de personnes, et que l’émotion transparaisse à travers le récit afin que ce dernier devienne un moteur de changement ».
Paradis menacé
Julien Blanc-Gras, auteur de « Paradis avant liquidation » se décrit quant à lui se décrit comme un
« écrivain voyageur ». L’ouvrage paru en 2013 relate le quotidien des habitants des iles Kiribati, un
petit paradis perdu au beau milieu de l’océan Pacifique menacé par le réchauffement climatique et la
montée des eaux. « Le point culminant de ces iles s’élève à 2 mètres. C’est donc une sorte d’apocalypse programmé pour ces habitants », souffle Julien Blanc-Gras qui a passé un mois là-bas
afin de rencontrer les habitants de ces iles. « Le réel a du talent, je n’ai pas eu besoin de recourir à la
fiction pour mon récit. Il s’agissait pour moi de montrer la face humaine du réchauffement climatique
et de documenter les conséquences bien réelles de ce qu’annonce le GIEC dans ses rapports », conclut
l’écrivain voyageur.
Thomas Allard
(Photo Whalid Bourouis)