Pour clôturer cette édition 2024, la dernière table ronde aborde le futur du journalisme. En présence des journalistes Vincent Manilève, Aude Favre (WTFake ! Et Fake Of) et Alexandra Colineau (Un Bout des Médias), et animé par Thomas Rozec de Binge Studio, la discussion analyse le cœur de la profession.
D’emblée, la question est posée : « Faut-il garder un métier passion ou tout accepter pour manger ? ». La précarité est une question inévitable en se lançant dans la profession. Vincent Manilève, journaliste se définissant lui-même comme “heureux bénéficiaire de l’allocation chômage », ne fait pas exception : « il faut souvent choisir entre travailler pour des médias détenus par des milliardaires avec des agendas politiques douteux ou pour des médias libres mais pauvres ». Ce choix, entre richesse et liberté, marque profondément les carrières des journalistes et leurs choix professionnels selon lui.
Alexandra Colineau, co-rédactrice en chef et responsable du plaidoyer à l’association Un Bout des Médias, corrobore en expliquant que « pour faire du journalisme de qualité, il faut de l’argent. Les milliardaires sont les bienvenus, car ils ont les moyens de financer une information de qualité » ce qui n’a pas manqué de faire discrètement réagir la salle, mais elle a complété son point de vue « le vrai enjeu reste leur véritable intention derrière cet investissement ».
Comment sensibiliser à une information de qualité ?
« Aujourd’hui, les gens sont habitués à de l’information gratuite, mais n’ont pas conscience de sa valeur». Selon Aude Favre, créatrice de la chaîne YouTube WTFake ! et de l’association Fake Off, éduquer aux médias est devenu une nécessité. À la tête du projet Citizen Fact, de grandes enquêtes collectives en direct sur Youtube, elle tente de former les citoyens de tout horizon au journalisme d’investigation en mettant en commun leurs efforts pour élucider certaines affaires. Cela permet de comprendre comment l’information est fabriquée tout en renforçant l’esprit critique général ».
« Le journalisme est un métier qui se réinvente constamment », affirme Alexandra Colineau sous l’approbation de ses collègues. Aujourd’hui, de plus en plus de journalistes s’essayent à de nouveaux supports numériques, pour informer, mais aussi pour sensibiliser, en particulier la nouvelle génération. Aude Favre, qui intervient dans des collèges, cherche à leur expliquer que « tu n’es pas là pour ingurgiter tout ce qu’on te donne ».
Bilan de la conférence : un besoin urgent de réinventer le modèle économique du journalisme pour assurer son indépendance, sa qualité et sa pertinence. Le tout en assurant une transmission multimédia et accessible auprès de citoyens sensibilisés aux enjeux de l’information.
Preuve de leur engagement, les intervenants ont d’ailleurs pris le temps après la fin de la conférence d’échanger et de conseiller de jeunes aspirants au journalisme.
Texte : Elsa Lussin et Yann Guenon, étudiant·e·s au sein du programme LaChance Media
Retrouvez tous les articles du Club au sujet du Festival Imprimé en cliquant ICI.