La rencontre intercommunale du 14 novembre a d’abord proposé une intéressante formule d’éducation aux médias, faite de travaux ludiques et d’humour. Le président du Club de la Presse a animé la journée, qui laisse bien augurer d’une méthode pour sensibiliser le public à la lutte contre les fausses nouvelles. « Il était indispensable pour nous d’être lire la suite
La rencontre intercommunale du 14 novembre a d’abord proposé une intéressante formule d’éducation aux médias, faite de travaux ludiques et d’humour. Le président du Club de la Presse a animé la journée, qui laisse bien augurer d’une méthode pour sensibiliser le public à la lutte contre les fausses nouvelles.
« Il était indispensable pour nous d’être présents ici aujourd’hui, car c’est à nous, les journalistes, de faire comprendre comment on distingue les “fake news“ d’une vraie information, et comment s’en prémunir. » Jean Berthelot de la Glétais, le président du Club de la Presse, a introduit le premier débat du Festival Fake News, au cinéma Villa Monciné, ouvert au public jeune et scolaire. Il présentera le rôle du club, son organisation et ses actions, avant de remercier les organisateurs de leur initiative. Le vice-président de la Communauté de Communes du Grand Cubzaguais, Michaël Fuseau, qui est en charge du développement numérique, devait souligner « que lorsqu’on nous parle des outils numériques, il est d’abord question de leur nocivité, de leurs aspects dangereux. Mais un simple marteau est-il dangereux par nature ? La réponse est : non, seulement si l’on s’en sert mal ! »
En portant une réflexion collective depuis un an et demi sur tous les aspects de la révolution numérique, la Communauté de Communes, avec l’appui de la Cyberbase de Bourg-sur- Gironde, de “Curieux“, de Cap Sciences, de l’IJBA, de l’association “D’Asques et d’Ailleurs“ entre autres, a mis au point cette première rencontre sous un angle original.
« Nous nous interrogeons sur la notion d’information, indique Michaël Fuseau, car nous nous devons d’apporter aux journalistes comme à nos concitoyens des infos justes. Or, on est en pleine mode des “fake news“, avec tous les dangers que cela implique. »
En première ligne de ce combat, il y a naturellement les journalistes, et les nouveaux médias s’en préoccupent aussi. Flo Laval, le fondateur de Far Ouest, la revue numérique, explique que « nous prenons les grands sujets de société, nous les vérifions et nous les traitons. » Et cela touche toutes les formes de médias, comme il le montre avec le film réalisé avec Anne-Sophie Novel, documentariste qui a écrit un livre, « Les médias, le monde et moi ».
A la question d’un professeur qui s’interroge sur les origines des fake news et la motivation de leurs auteurs, Flo Laval estime que « cela vient d’un monde où tout se connecte plus vite, tout va plus vite, il y a un magma de choses qui veulent tout dire et rien dire. Alors la fake news est un thermomètre, on ne croit plus à rien, donc à un moment on peut croire à n’importe quoi. Et il n’est pas toujours facile de démonter un complot. »
Pour Jean-Charles Bouniol, enseignant à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA), « cela passe aussi par la formation des journalistes, et nous devons faire que nos étudiants utilisent les outils à bon escient. » Il distingue des secteurs concernés plus que d’autres, « la santé, où les messages circulent beaucoup, et le discours politique. Ils représentent 80% des fake news ».
Les journalistes peuvent commettre des erreurs, « comme dans la fausse arrestation de Dupont de Ligonnès, mais jamais ils ne colportent des fake news. » Pour lui, les réponses à apporter sont dans « la vigilance et la mise à distance de l’information. Douter est la base sur les réseaux sociaux. Se demander : qui me parle ? Rechercher les petits indices, sur le spectaculaire, l’effrayant, le raisonnable. Tout le monde va devoir y prendre part. Je ne suis pas trop inquiet pour les jeunes, il est possible que ce soient bientôt les jeunes qui éduquent leurs parents au numérique. »
Produire des « images éthiques »
Le monde de l’information nécessite cependant une formation de base. Le festival du Cubzaguais, au-delà des deux débats de la journée, s’accompagne d’un important effort d’éducation aux médias qui a associé de nombreuses classes de l’intercommunalité. Plusieurs ateliers très concrets se sont déroulés dans le hall du cinéma Villa Monciné. Outre des témoignages de journalistes, comme Jean Berthelot de la Glétais qui a répondu à plusieurs groupes d’élèves, l’association “Curieux !“, avec Julien Picart Monnet, nouveau site d’information piloté par quatre centres de culture scientifique, technique et industrielle, offrait des ateliers variés. L’un présentait des drones, un autre des affirmations à choix multiples, sous forme ludique. Le “Quizz sauce Curieux“ demandait par exemple : « La foudre peut-elle frapper plus fort au même endroit ? » La réponse est « non, elle prend le chemin le plus court » . Ou encore : « Manger du poisson est bon pour la mémoire ». Réponse des scientifiques : « Non, il n’y a pas d’impact direct sur notre mémoire. »
Michaël Fuseau et son équipe ont également associé des partenaires locaux. L’association “D’Asques et d’Ailleurs“ produit des images avec Olivier Destarria, et une série de petits clips a posé efficacement le problème des fake news en poitillé des débats. Objectif : « fabriquer des images éthiques », un domaine fort utile en éducation aux médias.
« Nous nous préoccupons également de la formation des plus âgés, indique le vice-président, que nous appelons les “cybériens“. Des ateliers aident depuis 2009 les retraités face à la fracture numérique. Nous avons ici beaucoup de gens qui créent des outils. »
Tout cet ensemble d’actions pourrait servir d’exemple à d’autres communautés, tant les forces municipales, associatives, culturelles et de l’Education Nationale ont pu trouver ensemble un terrain commun.
(Photo Guillaume Marchal)