Bordeaux Québec, regards croisés sur les deux cités Le livre De Philippe Roy et Claude Ader a donné lieu en mars à une exposition à la bibliothèque municipale de Bordeaux. Une assez longue histoire, qui explique pourquoi la promotion du livre n’a pas encore fait le tour de la ville ! MC Courtioux : Ce livre lire la suite
Bordeaux Québec, regards croisés sur les deux cités
Le livre De Philippe Roy et Claude Ader a donné lieu en mars à une exposition à la bibliothèque municipale de Bordeaux. Une assez longue histoire, qui explique pourquoi la promotion du livre n’a pas encore fait le tour de la ville !
MC Courtioux : Ce livre est l’aboutissement d’un long travail ? A travers quelles étapes ?
Claude Ader : Pour tout dire, c’est un défi que nous avons voulu relever. C’est parti d’une conversation avec la directrice de la société du Patrimoine urbain de Québec durant l’été 2010. A ma question de savoir quelles avaient été les raisons du jumelage entre les villes de Bordeaux et de Québec, elle m’a répondu avec un petit sourire qu’elle croyait savoir qu’il s’agissait d’une erreur administrative qui avait confondu Québec Ville et Québec Province, le Maire de Bordeaux (Jacques Chaban-Delmas) ayant voulu jumeler sa ville avec LE Québec… Tout en ajoutant que bon nombre de partenariats étaient nés de cet accord. Bref, il n’en fallait pas plus, puisque le 50ème anniversaire du jumelage approchait, pour que nous décidions avec Elytis, notre éditeur habituel de nous lancer dans un récit mettant en scène les deux villes. Celles ci n’ont aucun passé historique commun, leurs relations ayant commencé justement il y a 50 ans au moment du jumelage officiel. Nous y sommes allés pour travailler une première fois en octobre 2010 et une seconde fois en février 2011 à l’époque du Carnaval. Bien que je séjourne régulièrement dans cette ville, c’était la première fois que je m’y rendais en hiver puisque 2011 a été l’année de ma retraite, ce qui m’a donné plus de liberté de mouvement. Nous avions également signé un contrat avec Pêche et Océan Canada qui gère le passage des bateaux sur la banquise en hiver, la structure nous ayant demandé une dizaine d’exemplaires du livre à venir en échange d’une décharge à signer à la Reine d’Angleterre. Rien de moins. Nous avons nous-mêmes financé nos allers et retours ainsi que la location d’un appartement dans la basse ville, nos conjoints assurant l’intendance. Cela a permis aussi à Philippe de constituer une importante banque d’image sur Québec pour sa propre société.
MCC : Deux grandes villes, deux grands fleuves… mais l’une au sud l’autre au nord… Quelle est l’intention des auteurs ?
Claude Ader : C’est de montrer que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Québec comme Bordeaux, toutes deux ont été bâties sur l’estuaire d’un fleuve difficilement navigable. Si Bordeaux a été « la » capitale du vin, Québec a été la capitale politique du Canada durant deux siècles, puis capitale économique durant un siècle grâce au commerce du bois. Notre objectif a été de mieux « décoder » Bordeaux pour un Québécois et de mieux expliquer Québec à un Bordelais à travers l’architecture et les matières qui composent les deux villes. Cela se fait naturellement par un retour sur les évènements historiques et économiques qui ont marqué les deux cités.
MCC : Quel a été le rôle de Philippe Roy ? Quelle est la part de l’image et quelles images ? Belles, pittoresques, chargées de sens ?
Claude Ader : Avec Philippe, nous travaillons un peu dans l’osmose. Vingt ans de collaborations diverses nous facilitent les choses. Ses images ne sont jamais gratuites. Il voit ce que mon oeil zappe et il écoute attentivement les « histoires » que je lui raconte… Nous avions imaginé un livre assez semblable à celui que nous avons sorti en 2005 sur La Rochelle et Rochefort, un livre d’art. Mais la situation économique a changé. En décembre 2011, alors que tout était prêt, notre éditeur nous a annoncé qu’il pensait renoncer à cette parution. Nous n’envisagions pas de changer d’éditeur puisque ce dernier est distribué au Canada. Après bien des tractations, il a été décidé que l’ouvrage paraîtrait dans un format plus modeste, à un prix raisonnable, qui reste raisonnable après qu’on lui applique le taux de change en $ canadien et la double taxe fédérale et provinciale…. Le résultat est que le travail de Philippe est moins bien mis en valeur et c’est dommage…mais il y a l’expo !
Philippe Roy : Ce projet a été pour moi l’occasion de découvrir la ville de Québec , la beauté de ses paysages à l’automne, et la disponibilité des Québécois. Pas besoin de courrier en trois exemplaires pour avoir une autorisation de photographier, un simple coup de téléphone suffit, y compris pour les intérieurs du parlement de Québec ! Que de temps gagné et quelle efficacité pour réaliser ce travail ! Le parallèle entre les deux villes ne s’est pas fait uniquement sur le plan architectural ou historique, mais aussi sur le fonctionnement de la société, et là, on a beaucoup à apprendre… C’était un vrai plaisir de traiter ce sujet, sans contrainte éditoriale, et de travailler avec Claude au fil de nos informations, de nos rencontres et de notre intuition. Cela m’a permis de réaliser les photos comme je voulais les réaliser, et m’a donné envie… de revenir approfondir le sujet !
Interview : Marie-Christiane Courtioux