Six mois mois après la mise en ligne de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, 1800 journalistes et 200 rédactions se sont engagés à modifier leurs pratiques. Clé de la compréhension et de la perception de l’urgence environnementale, le traitement médiatique de ces questions doit être à la hauteur des enjeux qu’il soulève.
Invitée aux Assises internationales du journalisme de Tours 2023, Anne Sophie Novel, co-autrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique le rappelle, « cette charte se veut mobilisatrice et non moralisatrice, comme une boussole pour orienter les rédactions vers de meilleures pratiques ». Rendue publique le 14 septembre 2022, le texte a été signé par environ 1800 journalistes et 200 rédactions. 6 mois plus tard, « on peut dire qu’elle a créé du débat, elle a généré quelque chose », observe la journaliste. En revanche, d’après un sondage mis à disposition des signataires mi-mars, il ressort que « 48% affirment que la charte n’a pas permis de changer certaines pratiques. Mais on constate qu’elle sert d’appui, de motivation ». Steven Jambot, journaliste à RFI et coauteur de la Charte se veut rassurant, « on a fait ce texte pour qu’il s’inscrive dans le temps ».
Mais du temps, il nous en manque. Face à cette urgence, les médias accélèrent leurs transitions vers un traitement plus complet et plus fréquent des questions climatiques et environnementales. « Aujourd’hui, ces sujets font partie entière avec le quotidien de nos lecteurs (…) ils se saisissent eux même de ces réflexions », note Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de Sud Ouest. Aux médias donc de répondre à cette demande croissante d’information. « C’est nous qui devons porter ces sujets pour les rendre importants et accessibles pour que les gens puissent prendre conscience à leur tour des enjeux climatiques (…). La question climatique doit être inscrite dans l’ADN de l’entreprise », déclare à son tour Edouard Reis Carona, rédacteur-en-chef de Ouest-France. Articles gratuits et transversaux, mise en avant des thèmes environnementaux, décryptages et reportages ; les médias déclinent les sujets pour offrir un panel de solutions, de pistes et d’explications au public. « Les sujets sont remontés dans le temps d’antenne. Ce n’est plus la petite brève en fin de journal », confirme Vincent Giret, directeur de l’information de Radio France.
Les rédactions semblent vouloir changer leurs pratiques et former leurs journalistes afin d’améliorer le traitement des enjeux climatiques. Mais cette prise de conscience reste encore limitée et tardive, car pendant longtemps, « les rédacteurs en chef se méfiaient de ces thématiques-là. Le risque, c’était de faire du journalisme militant. Mais il s’agit aujourd’hui de faire du journalisme engagé, pas partisan », relève Vincent Giret.
Faire mieux, voilà l’objectif qu’essaye de transmettre la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique et progressivement les journalistes s’engagent à suivre son cap. « Il s’agit de mettre les mots pour que ce texte puisse servir aux journalistes et aux rédactions », conclut Steven Jambot.
Louane Velten