Maxime Daridan, co-fondateur du projet “Vu des Quartiers”, Maryam El Hamouchi, journaliste à l’AFP, Michel Dumoret, directeur en charge de la lutte contre la désinformation à France Télévisions et Antoine Ly, délégué Radio France en charge de la diversité et de l’égalité des chances, étaient invités aux Assises internationales du journalisme de Tours pour une table ronde mardi 28 mars. Au programme, présentation et échanges autour du projet “Vu des Quartiers”.

Qu’est-ce que c’est “Vu des Quartiers” ?

Maxime Daridan : « Vu des Quartiers est un annuaire de contacts dans les quartiers prioritaires ; aujourd’hui, on en recense 1514 en France. C’est un site internet ou les personnes qui vivent dans ces quartiers et qui souhaitent se mettre à disposition des journalistes peuvent le faire. L’objectif est de mettre fin au traitement du quartier pour ce qu’il est et le remettre dans le traitement banal de l’actualité. »

Antoine Ly : « Cet annuaire est utile pour le terrain, car tous les journalistes n’ont pas les clés de compréhension de ce que c’est la banlieue, un outil comme celui-ci permet d’avoir un contact avec des gens qui sont volontaires, avec des personnes qui veulent se réapproprier leur histoire. »

Les contacts qui s’inscrivent sont-ils vérifiés ?

Maxime Daridan : « Non, le seul prérequis à l’inscription, c’est de vivre, de travailler ou d’agir dans un quartier prioritaire et d’avoir envie de parler. (…) Il y aura des accidents (des faux comptes, ndlr) c’est certain, mais c’est clairement expliqué aux journalistes et le but de l’annuaire n’est pas de remplacer ce travail nécessaire de vérification par le journaliste. »

Maryam El Hamouchi : « Parler de la France, c’est être présent partout, rien ne remplace le terrain. On ne peut pas se contenter d’un coup de fil, il ne faut pas qu’il y ait une flemme du journaliste qui se dit « j’ai le contact, je vais faire mon papier au téléphone ». C’est un outil intéressant, mais qui ne doit pas nous empêcher de faire notre travail qui est la vérification, le terrain, les rencontres. »

Antoine Ly : « Le journaliste doit toujours avoir du recul, un œil critique. Il ne doit pas juste appeler et tendre un micro. Quand on appelle un contact de l’annuaire, on le teste, on essaie de voir s’il veut nous balader. »

Michel Dumoret : « Il faut bien être conscient que c’est un outil, un élément qui ne se suffit pas à lui-même. »

Quand est-il de la protection des données des utilisateurs ?

Maxime Daridan : « Une personne qui s’inscrit dans l’annuaire a accès à sa fiche uniquement, elle ne sait pas qui d’autre est inscrit. Les seules personnes qui ont accès à l’annuaire dans son intégralité sont les journalistes accrédités. Pour ce qui est des données, elles sont entreposées dans un serveur que l’on contrôle. Nous faisons en sorte de protéger les utilisateurs comme nos propres sources. »

Quel espoir portez-vous dans « Vu des Quartiers » ?

Maryam El Hamouchi : « Un moyen de renouer le lien. »

Antoine Ly : « Une façon de rétablir le dialogue, la confiance du côté des quartiers comme des journalistes. »

Michel Dumoret : « Un outil au sein d’un arsenal de choses à mettre en place. Et si par la même occasion, on peut créer des vocations dans les quartiers, je serais très heureux. »

Maxime Daridan : « Si on arrive à casser des préjugés, on aura déjà gagné. »

Propos recueillis par Louane Velten


Photo, de gauche à droite : Michel Dumoret, Maxime Daridan, Manon Meye, Antoine Ly et Maryam El Hamouchi.

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