S’immerger pour plusieurs semaines ou plusieurs mois, en une seule fois ou en pointillés, au sein d’un territoire ou d’un établissement scolaire, c’est le principe des résidences de journalistes, financées par les DRAC (directions régionales des affaires culturelles).
Contrairement aux actions d’éducation aux médias et à l’information (EMI) pilotées au sein des Académies par le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information), les résidences de journalistes ne ciblent pas les scolaires, mais plutôt un public d’adultes, considérés comme une priorité pour le ministère de la culture et de la communication. A noter que certaines DRAAF (Directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), relevant du Ministère de l’agriculture, financent également des résidences au sein des lycées agricoles.
« L’approche du ministère se veut très girondine dans le sens où nous n’avons pas voulu
imposer un modèle depuis Paris, mais laisser les DRAC organiser le dispositif sur leur territoire, ce
qui implique une grande hétérogénéité entre les régions. Aujourd’hui 600 000 euros sont répartis
entre les DRAC », indique Jean-Christophe Théobalt, chargé de mission pour les nouvelles
technologies de l’information et communication à la Délégation au développement et à l’action
territoriale du Ministère de la culture et de la communication .
A la DRAC Pays de la Loire, Guillaume de la Chapelle occupe le premier poste de « conseiller médias » en DRAC. « D’autres devraient suivre », avance-t-il. S’appuyant sur des partenaires comme les Clubs de la presse et les médias locaux, il accompagne les collectivités territoriales (souvent les communes ou intercommunalités) dans leurs projet de résidences. « Les résidences durent chez nous de deux à trois mois, subventionnées à hauteur de 8 000 euros pour deux mois par exemple. Les collectivités peuvent ensuite prendre en charge la mise à disposition d’un logement ou les frais de déplacements », explique-t-il.
Pour un journaliste seul, répondre à un appel à projet de DRAC peut s’avérer complexe.
C’est l’expérience d’Isabelle Bordes, actuellement en résidence dans une commune de 2 000
habitants de la Manche. « La DRAC attend que l’on s’appuie sur des partenaires tiers, qui sont
parfois complexes à trouver, car la défiance envers les journalistes est aussi partagée par certains
éducateurs ou certaines associations », reconnaît-elle.
Travailleuse sociale devenue journaliste, Mathilde Boudon-Lamraoui est formatrice à la Friche, un collectif de journalistes indépendants, qui anime des ateliers d’EMI. « Il faut passer beaucoup de temps à gagner la confiance des structures qui accompagnent les publics auprès de qui nous intervenons, centres sociaux, AFPA, centres d’hébergement… Les temps de préparation des interventions, pour créer du lien notamment, sont toujours plus longs que prévu », témoigne-t-elle.
Autre problématique : les modalités de rémunération des intervenants. Salaire via du portage
salarial, notes de droits d’auteurs, factures… tout existe. Avec la difficulté pour les journalistes
rémunérés à la pige de faire connaître les rémunérations issues de l’EMI pour obtenir la carte de
presse. « La Commission de la carte neutralise désormais ces revenus quand ils n’excèdent pas ceux
issus de l’activité proprement journalistique », note Isabelle Bordes.
Gaëlle Ginibrière