Le directeur de l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA), Arnaud Schwartz, a été réélu fin septembre 2022 à la tête de l’école. Un nouveau mandat de 5 ans, et une occasion de perpétuer les travaux entrepris sur le plan de la recherche, de la rigueur journalistique, et de la prise en compte des évolutions de la société.
L’IJBA co-organise ou reçoit de nombreux évènements liés aux mouvements qui traversent la profession, comme la Journée d’étude sur la place des algorithmes ou le Colloque « Journalisme et combat », qui ont eu lieu récemment. Pourquoi mettre l’accent sur ces évolutions du métier ?
Je pense qu’il est important, dans un secteur comme le nôtre qui évolue très vite, de bénéficier d’un apport de la recherche. L’activité des quatre enseignants-chercheurs de notre équipe pédagogique, qui interviennent sur des terrains différents, permet de rester en éveil sur les bouleversements du métier. Nous tentons de précéder les transformations des pratiques journalistiques et des usages des médias par le public, pour que certains aspects de la profession ne restent pas impensés. Que nos étudiants puissent bénéficier des travaux de chercheurs sur des questions telles que le rôle des algorithmes dans le secteur de la presse, c’est une forme de sensibilisation qui, je crois, les prépare bien pour l’avenir.
Vos étudiants sont également invités, dans « La Fabrique de l’info », à réfléchir au traitement de certaines thématiques par les médias, liées à l’environnement ou aux quartiers populaires par exemple. En quoi est-ce important pour vous qu’ils aient conscience des biais présents dans les organes de presse ?
C’est fondamental. Nous sommes une école publique, rattachée à une université, ce qui laisse une place à la distance critique. Nous ne pouvons rien faire de bien sans laisser de place à cette distance-là, sans interroger les pratiques professionnelles. Je crois que notre objectif est de former des journalistes opérationnels, mais aussi des journalistes ayant le recul nécessaire pour prendre conscience de ce qu’ils font, au moment où ils le font. Au-delà de leurs connaissances, de leurs savoir-faire techniques, il est primordial que la démarche journalistique, qui est une quête de véracité, soit bien acquise. Le journalisme est un métier difficile, où la dimension humaine a une place prépondérante. On peut faire beaucoup de mal en colportant des choses qui ne sont pas réelles, donc il est important d’être attentif au risque d’erreur et aux approximations. L’IJBA est une école de rigueur et d’attention à l’autre. Si nos étudiants, en sortant de l’école, se souviennent de ces notions et les appliquent chaque jour avec cœur, nous pourrons nous féliciter de les avoir bien formés.
Si vous étiez étudiant à l’IJBA, quels seraient vos enseignements favoris, et quelles thématiques mettriez-vous en avant ?
J’aimerais beaucoup être étudiant à l’IJBA, cela fait 5 ans que je me le dis (rire). Nous sommes une école qui a toujours laissé beaucoup de place à la créativité, partant du principe qu’en chacun d’entre nous, il y a un ou une journaliste qui ne ressemble à aucun autre. C’est une idée qui me plaît. Pour ce qui est des sujets que j’aborderais, l’école a toujours été attentive à la manière dont la société évoluait, avec une forte dimension sociale. Donc voilà, je m’intéresserais sans doute aux questions d’invisibilisation, et aux grandes fractures de notre époque, comme le réchauffement climatique. Je suis d’ailleurs heureux que cette année, nous puissions offrir deux nouveaux enseignements en Master 2 : l’un sur la crise environnementale et climatique, l’autre sur les personnes et groupes d’individus invisibilisés, ou qui risquent de l’être, par les médias. Il me semble nécessaire d’avoir cette double attention. S’il y a des cours auxquels j’aimerais assister en particulier, ce sont ces deux là.
Propos recueillis par Luigy Lacides, Président du Club Junior.