Photo en aparte pass culture

À quelques semaines du coup d’envoi de la 36e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’école, l’annonce du gel du budget alloué à l’offre collective du "Pass Culture", complémentaire au coup de pouce financier que recevait jusque-là chaque jeune de 15 à 18 ans, a de quoi surprendre, voire indigner.

Cette offre collective – c’est-à-dire pilotée directement par les professeurs et établissements – contribue à diffuser l’éducation artistique et culturelle, parmi laquelle l’Éducation aux médias et à l’information (EMI). Dans l’académie de Bordeaux, le dispositif a permis de financer près de 280 ateliers d’EMI depuis le début de l’année scolaire. Une goutte d’eau (3,5 % exactement) au regard des plus de 8 000 actions culturelles soutenues par le dispositif. Une goutte d’eau, surtout, au regard des besoins. 

Dans un contexte, français comme international, où il ne se passe pas une journée sans qu’il soit question de mésinformation ou de circulation de fake news, l’Éducation aux médias et à l’information (EMI) est un outil plus que jamais indispensable à l’éveil de l’esprit critique et à la formation des futurs citoyennes et citoyens.

« S’informer sur Instagram », « comprendre la méthode journalistique de recherche d’information », « lutter contre les fausses informations », « lutter contre les préjugés en podcast »… autant d’ateliers organisés ces derniers mois par la vingtaine d’adhérents du Club de la Presse de Bordeaux – Nouvelle-Aquitaine engagés dans cette démarche d’EMI auprès des élèves des collèges et lycées. Ces interventions participent à aiguiser les compétences d’analyse critique des élèves. Sans compter l’ouverture de nouveaux horizons que procurent aux jeunes, quel que soit leur milieu d’origine, des séances consacrées à la Fabrique d’un magazine télé ou encore à la découverte du métier de journaliste.

Une large part de l’Éducation aux médias et à l’information réalisée dans les établissements scolaires est aujourd’hui assurée par des médias locaux indépendants, au modèle économique fragile, ou par des journalistes rémunéré·e·s à la pige, dont beaucoup vivent une situation professionnelle précaire. Pour eux, l’Éducation aux médias largement financée depuis 2022 par le Pass Culture procure par ailleurs un complément de revenus indispensable.

D’ores et déjà des ateliers d’EMI ont été annulés et des incertitudes pèsent sur des événements phares locaux, portant sur le dessin de presse à l’école ou la Semaine de la presse et des médias à l’école. Face à l’emprise implacable des réseaux sociaux sur les jeunes, il est grand temps de s’interroger sur la place que l’on souhaite donner à l’Éducation aux médias et à l’information dans les établissements scolaires.

Gaëlle Ginibrière, vice-Présidente du Club de la Presse de Bordeaux – Nouvelle-Aquitaine et co-pilote de la commission EMI.

***

Lettre ouverte à destination de M. le Premier Ministre, porté par les Clubs de la Presse en régions :

Les Clubs de la Presse en région unissent leur voix pour déclarer leur vive inquiétude quant aux mesures budgétaires qui impactent durement les dispositifs Pass culture et Services civiques. Nos entités déplorent ces remises en cause quelque peu brutales et plus encore leurs effets à venir, assurément délétères pour la cohésion sociale de nos territoires. En l’état, ces coups de rabots viendraient non seulement fortement déstabiliser la vie associative et culturelle de notre pays dans son ensemble, mais aussi mettre à mal le travail de fond réalisé par nos associations dans l’éducation aux médias.

Nous souhaitons pouvoir compter sur le maintien de moyens, sinon leur progression, pour poursuivre en toute indépendance notre mission d’intérêt général, au service d’une information libre et démocratique.

Le gouvernement vient de décider, coup sur coup, de geler les engagements de l’État pour les contrats des jeunes en Service civique à partir du 1er février 2025. Il gèle de même la part du Pass culture pour les activités collectives, notamment celles organisées dans le cadre des activités scolaires et périscolaires.

Cette double décision va remettre en cause les projets personnels de jeunes qui avaient trouvé, par le biais de ces financements, une opportunité de se cultiver et d’accéder à un début d’engagement professionnel.

Cette décision brutale interroge sur ce que vaut aujourd’hui la parole de l’État. Comment croire en la parole donnée si, au plus haut de nos institutions, cette parole est reprise et non tenue ?

Comment éviter une telle décrédibilisation de l’action publique alors même que nos concitoyens et concitoyennes doutent plus que jamais du bien-fondé du modèle démocratique qui est le nôtre ?

Ce sont des milliers d’associations qui valorisent le Pass Culture et les services civiques qui sont déstabilisés.

Les Clubs de la presse de l’Hexagone s’élèvent contre de telles décisions.

Ajoutons que ces remises en cause budgétaires ne font que s’ajouter aux suppressions de crédits qui touchent les collectivités locales – communes, départements, régions. Contraintes, elles aussi, de faire des économies, elles réduisent ou annulent les financements aux associations.

Par ce double phénomène de réduction des crédits, les associations risquent l’asphyxie et se retrouvent au bord de la faillite. Des pans entiers de l’économie sociale et solidaire sont aujourd’hui en grand danger.

Face à ce risque considérable de voir se réduire comme peau de chagrin le précieux maillage associatif de notre pays, les Clubs de la presse de l’Hexagone et leurs partenaires en région en appellent aux pouvoirs publics pour mettre un terme à cette spirale destructrice.

logo CIVB new