Debat rencontre info locale - 221124

En off des Tribunes de la presse de Bordeaux, une rencontre-débat organisée par le Club sur la situation de la presse en Nouvelle-Aquitaine, s’est tenue dans le café de la Halle des Douves en présence de plusieurs représentant·e·s de médias locaux.

Simple baisse de forme, fièvre passagère ou symptômes chroniques ? Pour prendre le pouls de la presse locale, le Club de la Presse de Bordeaux – Nouvelle-Aquitaine avait convié citoyen•ne·s et professionnel·le·s à échanger sur le sujet, avec, en clôture, un concert de jazz- New Orléans du groupe local Les frères Cormier, vendredi dernier, dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux.

Faute de pouvoir vraiment annoncer le lancement de formules porteuses, le bilan est contrasté : le nombre de cartes de presse est en augmentation, de nouvelles opportunités émergent, notamment dans le milieu associatif. Flo Laval, co-fondateur de la Revue Far Ouest, cite notamment les initiatives autour du rap. Quel diagnostic alors ?

Devant une quarantaine de personnes, Simon Barthélémy, co-Président du Club de la Presse de Bordeaux Nouvelle-Aquitaine et rédacteur en chef de Rue89 Bordeaux a donné la parole aux invité·e·s : Violaine Attimont (RCF Bordeaux, co-Présidente du Club de la Presse de Bordeaux Nouvelle-Aquitaine), Jean Berthelot de la Glétais (Podcastine) ,Mickaël Bosredon (20Minutes Bordeaux), Flo Laval (Revue Far Ouest) ,Charles Lucazeau (Coop-medias) et Yann Saint-Sernin (Sud Ouest – Société des journalistes).

Sur la photo de famille, il manque Aqui.fr, le premier pure player de la région, disparu récemment. Rue89 Bordeaux se maintient à flot. Chez 20Minutes, avec le deuxième plan en 2 ans, la fin du papier, le passage de 100 à 60 journalistes et les 2 journalistes partageant leur temps entre le national et la locale, « un modèle est à réinventer ».
De même pour Sud Ouest. Avec un 4ème plan social en 10 ans et 18 journalistes en moins, le groupe régional, selon Yann Saint Sernin, est à un carrefour : faut-il continuer à couvrir tous les territoires, être à l’international, couvrir le national ? Même si, dans la salle, plusieurs intervenant·e·s diront leur attachement à la présence quotidienne de ce titre, la question reste posée avec la fermeture prochaine de l’agence de Saint-Jean-de-Luz, après celles dans le Gers et en Charente.

Qui est responsable ?

Une jeune femme interroge les invités avant de quitter la salle : « quelle est la cause de cette défaillance ? ». En réponse, Simon Barthélémy avance comme explications « l’érosion du lectorat traditionnel, la consultation massive des réseaux sociaux qui mettent moins en avant les contenus des médias, l’envolée des coûts, l’iniquité des aides de même que la crise de confiance envers la presse de manière générale, avec la confusion récurrente entre journalistes de terrain et éditorialistes de plateaux. »

Chez RCF Bordeaux, le modèle associatif de cette radio chrétienne tient le choc. Avec 15 000 auditeurs comptabilisés pour l’antenne de Bordeaux, les dons assurent la moitié des revenus de cette antenne devenue régionale. «En stand by», dixit Jean Berthelot de la Glétais, le média Podcastine retient son souffle. Prometteuse durant 2 ans, la gestion a souffert d’une stratégie non payante, a reconnu son créateur. Surfer sur la vague, telle est la démarche de Revue Far Ouest car « cela a toujours été difficile », selon le co-fondateur de la revue qui explore tous les supports : papier, numérique, et qui prend appui sur des actions d’éducation aux médias et à l’information pour arrondir les fins de mois.

Résister, se réveiller

Face à « l’infobésité », à l’explosion des fake-news, à la résignation aussi qui fait bouillir Flo Laval : «  On a perdu, parlons de fascisme, on se fait balayer idéologiquement. Réveillez-vous ! » Claude Ader-Martin, administratrice du Club,  propose de prendre exemple sur le Québec où 6 journaux organisés en coopératives ont pris des mesures financières douloureuses, mais salvatrices. Serait-ce le traitement approprié ici ?

Pour Charles Lucazeau, un des animateurs de Coop-medias, la coopérative citoyenne des médias indépendants, une autre voie existe. Coop Média s’inscrit dans le mouvement des Licoornes, porté par quelques entreprises comme Enercoop ou Mobicoop, et qui veut « construire un modèle économique entièrement coopératif ». Cette fois, en associant les particuliers dans une SCIC visant à soutenir les médias indépendants. 

Les participants et le public, parmi lequel se trouvait la sénatrice de la Gironde EELV Monique de Marco, ont convenu que les aides à la presse devaient être revues, notamment pour ne plus laisser le groupe LVMH recueillir environ 30 % de leur montant.

En attendant de connaître les mesures arrêtées en haut lieu après la tenue des États généraux de l’information (EGI), il est possible de contribuer à l’émergence et au maintien d’une presse pluraliste et indépendante en s’abonnant, en effectuant directement des dons via J’aime l’info, ou encore en soutenant le Fonds pour une presse libre (mission reconnue d’intérêt public).

Evénement en partenariat avec les Tribunes de la Presse et la Région Nouvelle-Aquitaine.
Le Club remercie toute l’équipe de la Halle des Douves.

Texte : Richard Hecht, chargé de mission « éditorial et contenus rédactionnels du Club »
Crédit photos : Paul Bureau, journaliste et membre actif du Club

Logo vins de Bordeaux