De nombreux visiteurs se sont réunis à Cenon où étaient en ligne pour échanger sur des thématiques aux couleurs engagées : l'écologie, le féminisme, l'éthique journalistique, et l'extrême droite.
La journée a débuté avec une table ronde sur les discours d’extrême droite dans les médias français. Nassira El Moaddem, journaliste d’Arrêt sur images était l’une des invitées. Ce fut l’occasion pour elle de revenir sur les attaques de l’extrême droite dont elle est la cible, suite à une publication sur le réseau social X. Le débat a évolué vers la question de la banalisation de ces discours conservateurs dans le paysage médiatique français, soulignant la prédominance de figures de droite dans la possession des médias en France et son impact sur l’information du public. Youmni Kezzouf journaliste à Mediapart, reconnaît que » la neutralité journalistique n’existe pas », et qu’il est nécessaire « qu’on assume notre ligne édito » pour que public s’informe en âme et conscience. Par ailleurs, les journalistes ont plaidé pour la diversité éditoriale.
Un journalisme engagé
Premier débat de l’après-midi, la représentation de la sexualité dans les médias. À l’exception du travail de quelques journalistes tels que Maya Mazorette, les sujets touchants à la sexualité, et particulièrement féminine, sont absents dans la presse. Les deux invitées, Anaïs Carayon et Stéphanie Estournet, les qualifient cependant comme sujets de société ayant toute leur place dans ce paysage médiatique, répondant à un « besoin de confiance et de sérieux » alors que « 95% des 15-18 ans s’informent sur les réseaux sociaux » notamment à travers la pornographie, explique Anaïs Carayon.
Le volet écologique a également été abordé, mettant en lumière l’importance du traitement médiatique dans la lutte contre le climato-scepticisme. Sexualité, écologie, protection des sources : les invités ont successivement décliné les défis et les risques liés à leur métier, en particulier la pression des grands propriétaires de médias sur le contenu éditorial et la précarité de l’emploi dans les médias indépendants. En outre, la censure rend difficile le travail sur la sexualité et les journalistes s’exposent à de nombreuses critiques en parlant d’écologie, payant le prix de l’étiquette du journaliste engagé. Le journalisme s’adapte : de techniques de messageries cryptées pour la protection des sources à la création d’une communauté virtuelle participant aux investigations. Ils restent optimistes quant à l’avenir du journalisme face à l’IA, qui ne remplacera jamais le travail de terrain.
En somme, cette 3ème édition du Festival Imprimé a été l’occasion de réfléchir sur le rôle des médias dans la société contemporaine, notamment face à la montée de l’extrême droite et aux enjeux écologiques et sociétaux. Les échanges ont mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les journalistes, mais aussi leur détermination à promouvoir une information pluraliste et engagée.
Texte : Charline Reis, étudiante au sein de la promo LaChance Media