Sport et EMI - Assises de Tours 2024 - visuel

Le sport est une thématique transversale, porteuse de valeurs et de nombreux sujets de société, qui trouve toute sa place dans l’éducation aux médias et à l’information. Avec pour cible, des établissements scolaires comme des clubs sportifs.

« Il y a urgence à développer l’éducation à l’information et aux médias (EMI) dans les collèges et lycées. Et nous enseignants, ne pouvons le faire seuls au sein des établissements, j’en appelle donc aux journalistes », lance Karen Prevost-Sorbe, coordinatrice académique du Clemi (centre pour l’EMI) à l’académie d’Orléans-Tours lors d’une table ronde des Assises du journalisme de Tours, qui se sont tenues du 25 au 30 mars derniers.

Le sport, fil rouge de cette 17e édition, se présente comme un formidable outil pour mener des actions d’éducation aux médias. « Le sport est transversal, permettant d’aborder de nombreux sujets comme l’égalité, l’histoire, l’économie… ce qui permet de raccrocher des élèves uniquement intéressés par cette discipline et d’autres captivés par des questions plus générales », convient Romane Pellen, journaliste et  intervenante pour La Chance, association pour la diversité dans les médias.

En ce sens, les Jeux olympiques se sont révélés une aubaine, avec un foisonnement de projets enclenchés ces derniers mois sous l’angle du sport, thème jusque-là parfois sous-estimé. « Espérons que cette dynamique perdure au-delà des Jeux de Paris », avance Assia Hamdi. Pour cette journaliste sportive, également intervenante à La Chance, l’enthousiasme autour de cet événement a permis à des professeurs de mesurer l’intérêt de se saisir du sport comme outil d’EMI, comme ce professeur d’anglais qu’elle a accompagné sur un projet autour d’un champion de plongeon.

Pour  Karen Prevost Sorbe, académie et rectorat sont des acteurs à ne pas oublier dans la construction de projet. « Il faut travailler ensemble sur l’offre d’ateliers, vérifier qu’elle cadre avec les enseignements. Les projets ont d’autant plus de sens qu’ils s’inscrivent dans les besoins des enseignants. L’idée est donc de coconstruire, et que journaliste et enseignant apportent chacun leurs compétences », défend-elle.

« Une génération déconnectée de la société »

Même si cela reste encore marginal, les clubs de sport, foyers d’éducation, ont aussi toute leur place comme lieux d’EMI. Amar Sy, coordinateur socio-sportif de l’association d’insertion sociale et professionnelle « Drop de béton : le rugby au cœur de la vie » a accueilli des ateliers d’EMI. « Les jeunes que nous encadrons font partie d’une génération connectée, mais déconnectée de la société. Apprendre à vérifier les informations vues sur les réseaux sociaux, à faire de la recherche d’image inversée est primordial. C’est aussi un vecteur de convivialité et un moyen de faire communiquer tous les jeunes ensemble, alors que les boucles Whatsapp qui se multiplient dans les clubs ont tendance à diviser et générer des tensions», assure-t-il. Pour lui, la même coconstruction est de mise entre journaliste et éducateur. « Ce dernier encadre les jeunes, il leur permet de s’identifier et de s’intéresser au sujet », poursuit-il.

Reste que les clubs se sentent encore peu concernés et manquent de moyens pour financer des projets d’EMI. Que ce soit en classe ou sur le bord d’un terrain, le nerf de la guerre est en effet l’argent permettant de rémunérer les journalistes pour ces missions d’EMI. Le Pass Culture a ouvert des portes du côté de l’Éducation nationale. Les fédérations de sports scolaires du premier et second degré (USEP, UNSS) sont aussi des partenaires. « Il faut aussi travailler avec les fédérations sportives et les ligues, qui disposent de budgets conséquents », note Léandre Leber, journaliste à La Gazette des sports à Amiens.

Pour accélérer ce mouvement, Damien Fleurot, rédacteur en chef adjoint de LCI et président de l’association d’EMI Lumières sur l’info en appelle à monter un mois de l’EMI dans les clubs de sport, sur le modèle réussi de la semaine de la presse et des médias dans l’école, qui fêtait cette année sa 35e édition.

Texte : Gaëlle Ginibrière, journaliste et co-pilote de la commission EMI du Club

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