Les rencontres internationales du journalisme, les 1er et 2 octobre en Touraine, étaient au cœur de l’actualité. A cette occasion, un sondage commandé à Viavoice a tracé un portrait accablant et remarquable de l’image des médias dans le monde à l’époque du virus Sur la pandémie COVID19, ViaVoice révèle tout d’abord que seuls 16% des lire la suite
Les rencontres internationales du journalisme, les 1er et 2 octobre en Touraine, étaient au cœur de l’actualité. A cette occasion, un sondage commandé à Viavoice a tracé un portrait accablant et remarquable de l’image des médias dans le monde à l’époque du virus
Sur la pandémie COVID19, ViaVoice révèle tout d’abord que seuls 16% des Français estiment que la parole des experts leur aura été utile. « –Mais elle a été davantage perçue comme anxiogène que révélatrice de la vérité, » notent les auteurs de l’enquête, qui estiment « que le constat est intéressant, dans un temps où certains dénoncent l’émergence d’une « société des experts ».
Le sondage révèle cependant que « le journalisme est une institution essentielle » : 91% des Français estiment que « le métier de journaliste est utile, un score en progression de cinq points depuis le début de l’année avant la crise. » Le traitement de la pandémie a pesé sur les citoyens : 60% des Français l’ont trouvé « trop important », contre 10% « pas assez » et 25% « équilibré ». Les effets sont vivement critiqués : 50% ont trouvé le traitement de la pandémie « anxiogène », 45% « excessif », 28% « catastrophiste », 19% « mensonger » et 18% « émotionnel ». Pour 43%, « elle a alimenté la peur »…
Toutefois, 67% des interrogés jugent que l’information qui leur a été fournie est « utile pour leur vie quotidienne », 23% « très utile » et 7% « indispensable ». Mais il faut nuancer ce résultat, car au cœur de la crise sanitaire « les Français ont très majoritairement, et bien plus qu’avant, fait confiance à l’information qu’ils ont trouvée par eux-mêmes dans les médias (77% contre 69% en mars). » Et un clivage générationnel apparaît, les jeunes apportant davantage leur confiance à l’information partagée, plutôt qu’à celle relayée par leur entourage, même si les grands médias sont confortés. «, Les plus jeunes, indiquent les sondeurs, semblent décrire une “vision complémentaire“ de l’information. Davantage utilisateurs des réseaux sociaux, ils sont plus nombreux à estimer que l’information relayée par les réseaux est complémentaire de celle donnée par les grands médias. »
Servir au quotidien, information experte et confiance
Les tranches les plus âgées ont l’opinion inverse. « L’utilité du journalisme dans ce contexte est celle d’une information de confiance et qui nous protège »… Pour une majorité de Français (51%) l’utilité signifie d’abord que l’information puisse servir au quotidien « “pour se protéger de la maladie“, puis que ce soit une information “experte“, c’est à dire “qu’elle soit issue de l’expertise, qu’elle lui donne du crédit“ ». Enfin, installer la confiance et donc « vérifier l’information pour pouvoir s’y fier. ». Ce point est vécu comme « nécessaire » par 33% des interrogés , « utile » par 16% et « pas assez importante » par 29% soit un total de 78%.
La place accordée aux experts a-t-elle été trop importante ? Lorsqu’on interroge les Français, ils sont 34% à estimer cette place « nécessaire », 16% « utile », et 9% « pas assez importante » (ces trois avis représentant 59%). Ceci contre 19% qui la trouvent « trop importante », et 11% « démagogique »
C’est surtout vers les journaux télévisés que vont les Français (61%), devant les chaînes d’info en continu (35%). Mais ils ne délaissent pas la presse écrite : 32% se sont informés auprès d’elle pendant la crise sanitaire.
« Celle-ci consacre ainsi une définition du “journalisme utile“ à l’avenir, estime Stewart Chau, de Viavoice. Au-delà du caractère pratique de l’information, et de la confiance qu’on lui accorde, prime l’idée d’une “information pour soi“, qui protège dans cette crise majeure et plaide en faveur de la capacité du citoyen à agir dans et pour la société présente et à venir. »
Quelles pistes à suivre pour l’avenir, dès les mois qui viennent ? Le sondage révèle que la population « attend des informations constructives, qui proposent des solutions pour se protéger de la maladie »(51%), « que des expertises de chercheurs spécialisés soient publiées » (47%),
et que « des éléments de vérification des informations » puissent être fournis (45%). Seulement 10% ont demandé à ce qu’à l’avenir « on leur donne la parole ».
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PRATIQUE
Étude réalisée par Viavoice pour les Assises Internationales du Journalisme de Tours,en partenariat avec FranceTélévisions, France Médias Monde, Le Journal du Dimanche et Radio France. Interviews réalisées en ligne, du 4 au 8 septembre 2020, auprès d’un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus. Représentativité par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants: sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération.
Un collège girondin récompensé aux Assises du Journalisme
Notre confrère Etienne Millien, chargé de l’éducation aux médias à Sud Ouest et auprès de l’Alliance de la Presse, a relaté la remise des prix de l’Education aux Médias d’Information (EMI) aux Assises de Tours. Voici l’article qu’il a publié le mardi 6 octobre dernier sur un lauréat, le collège Jacques-Prévert de Bourg sur Gironde :
« Au collège Jacques-Prévert de Bourg-sur-Gironde, des professeurs font tout leur possible depuis dix ans pour éveiller leurs élèves à la culture médiatique, un effort récompensé par les professionnels des médias lors des Assises du journalisme de Tours. «On est très fiers et très contents», raconte Marie Especel, enseignante de français, qui vient de rentrer de Tours où elle a reçu le prix des mains de Jamy Gourmaud, le présentateur de «C’est pas sorcier». Le projet lauréat, baptisé Le Médiathon Prévert, a permis à 56 élèves de se rendre à Paris pour visiter les rédactions de nombreux médias, dont TF1 et Le Canard Enchaîné. Une escapade financée à force de collectes, de ventes de gâteaux et d’une cagnotte en ligne. Remarqué pour son originalité par le jury, le projet a remporté l’approbation grâce à la vidéo de présentation réalisée en deux heures par les élèves. Certains ont même fait le déplacement à Tours et posé des questions aux professionnels.
« On fait de l’éducation aux médias en français, en histoire, on organise nos cours autour de cette discipline qui permet d’acquérir des compétences techniques, comme les outils informatiques, de prise de vue, les réseaux sociaux. Mais elle donne aussi aux élèves des compétences nouvelles et utiles: comme le travail en groupe, l’écoute, savoir se présenter, parler en public», analyse Marie Especel. «Avec ce prix, c’est chouette d’avoir la reconnaissance de dix ans de travail, vis-à-vis aussi de certains collègues qui pensent qu’on n’est qu’un club journal ! »