La deuxième journée de réflexion du Club a été l’occasion de donner la parole à de jeunes créatifs et à la génération intermédiaire qui a fait Far Ouest, à la faveur d’un film d’Anne-Sophie Novel et de Flo Laval sortant le 21 mai à l’Utopia. « Je suis heureux de rapprocher l’IJBA du Club de la lire la suite

La deuxième journée de réflexion du Club a été l’occasion de donner la parole à de jeunes créatifs et à la génération intermédiaire qui a fait Far Ouest, à la faveur d’un film d’Anne-Sophie Novel et de Flo Laval sortant le 21 mai à l’Utopia.

« Je suis heureux de rapprocher l’IJBA du Club de la presse ! » Arnaud Schwartz, le directeur de l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine, a accueilli les participants à la seconde journée du Printemps du Club, le 30 avril en soulignant deux anniversaires. « Vous fêtez vos 40 ans, nous venons de célébrer notre cinquantenaire. »

Jean Berthelot de la Glétais, le président du Club, lui a répondu en annonçant d’autres rencontres dans les mois qui viennent, sous forme d’Assises, « y compris des Assises Junior qui intéresseront certainement les étudiants. » Il résume ensuite la journée précédente qui a vu l’intervention de plusieurs anciens présidents, sur 40 ans de journalisme à Bordeaux (voir autre article du Printemps) et présente le film d’Anne-Sophie Novel et Florent (Flo) Laval qui va bientôt être diffusé en programmations locales en France. Les co-réalisateurs sont venus en présenter des extraits aujourd’hui à l’IJBA, tandis que la sortie à Bordeaux est fixée au 21 mai à l’Utopia.

 

ANNE SOPHIE NOVEL ET FLO LAVAL TABLE RONDE SUR L' AVENIR DE LA PRESSE A L' IJBA, INSTITUT DE JOURNALISME DE BORDEAUX AQUITAINE, AVEC LES ETUDIANTS EN JOURNALISME, SOIREE ANNIVERSAIRE POUR LES 40 ANS DU CLUB DE LA PRESSE DE BORDEAUX, LES 29 ET 30 AVRIL 2019 , BORDEAUX, GIRONDE, NOUVELLE AQUITAINE, FRANCE.

Les premières réactions à la projection du film sont bonnes, « pour l’instant on a de bons retours, les gens disent vouloir une presse plus indépendante, et là tout le monde a son rôle à jouer, journalistes et consommateurs. »

« Les médias, le monde et moi » (1) a nécessité cinq ans de réflexion et deux ans de tournage, indique Anne-Sophie Novel. Il est sorti début 2019 et est déjà passé sur la RTBF. La question centrale était : pourquoi les médias nous donnent-ils l’impression de ne pas parler des choses qui comptent ? Dans la réponse, on a tendance à accuser les médias et les journalistes, mais on ne critique pas assez notre rapport à l’information. Alors bien sûr, les journalistes doivent changer de posture, nous les professionnels devons modifier nos pratiques, mais le public doit aussi s’éduquer au flux d’informations qui bouleverse notre quotidien. »

Le journal du coin

Le film présente des expériences novatrices, partout en France et ailleurs, à partir de la révolution numérique, et en citant des lecteurs et citoyens de base. Ainsi voit-on les réactions à l’initiative du quotidien Nice Matin, qui a multiplié par neuf le nombre d’abonnés à son site. « Il y a une logique de club dans ce journal, pour échanger avec les lecteurs, aller vers eux, traiter des sujets sous des angles nouveaux. »

Une lectrice dit qu’elle a l’impression que Nice Matin s’est rapproché d’elle : « Avant, c’était le journal du coin mais il n’était pas forcément proche de nous. » Un journaliste explique avoir essayé d’associer les lecteurs à la construction de l’enquête, « et on en a parlé aussi avec les abonnés du journal. »

Anne-Sophie Novel évoque également sa rencontre aux Etats-Unis avec un réseau qui pratique un « journalisme de solutions ». C’est une recherche de 19 médias locaux, « car la presse locale est en train de s’effondrer là-bas. Alors ils travaillent sur la sémantique, les mots utilisés, il y a une vraie logique éditoriale collaborative, différente de la recherche du scoop. »

Dans un autre témoignage, des Danois veulent former des gens pour changer leur perception des faits. « On ne peut donner uniquement aux gens des infos sur ce qui va mal» dit l’un d’eux dans le film.

Flo Laval, qui a créé et anime un support nouveau en France, Far Ouest, qui fait un million de vues, explique la genèse de cette aventure, qui commence à porter ses fruits. « Nous avons un métier dur, mais aucun métier n’est facile aujourd’hui. On peut se battre pour montrer que l’on peut faire des choses bien. »

Jean Berthelot de la Glétais braque le projecteur sur une autre démarche, qui rejoint la première. A l’IJBA, un module d’enseignement intitulé Numéro Zéro complète Imprimatur, l’antique publication créée par Robert Escarpit aux débuts de l’école de journalisme dans les années 60.

« Vous êtes le journalisme de demain » note le président en accueillant trois étudiants et leur professeure, Aya Roumanos. « Notre objectif, dit celle-ci, était de trouver à ces étudiants une formule qui leur permette d’aller au-delà des infos. De devenir des acteurs de l’innovation. En plus d’Imprimatur ou de Viso, il s’agissait d’imaginer de nouveaux médias, avec une phase de réflexion, la construction du media et la production de contenus. »

Le résultat de cette ouverture à la créativité a dépassé leurs espérances. Numéro Zéro a fait naître six publications potentielles, sur les thèmes les plus variés.

TABLE RONDE SUR L' AVENIR DE LA PRESSE A L' IJBA, INSTITUT DE JOURNALISME DE BORDEAUX AQUITAINE, AVEC LES ETUDIANTS EN JOURNALISME, SOIREE ANNIVERSAIRE POUR LES 40 ANS DU CLUB DE LA PRESSE DE BORDEAUX, LES 29 ET 30 AVRIL 2019 , BORDEAUX, GIRONDE, NOUVELLE AQUITAINE, FRANCE.

Contrechamps est une « expérience sonore auditive qui veut raconter des histoires : les vôtres » ;

Borderline va chercher des sujets « sans aucun tabou, dans une actualité souterraine » ; Burdigala propose des séries bordelaises « où l’info prend le temps de dessiner ». Baobab veut être le « Bulletin Authentique et Ordinaire du Bordelais A Bordeaux » ; Quatre Coins offre systématiquement quatre points de vue ; et Focus veut « passer nos élus à la loupe ». Le tout sur smartphone, tablette et ordinateur, avec 36 étudiants, « sans connivence ni parti-pris ».

Et à l’avenir il sera possible de présenter six autres nouveaux médias ! Cette dimension de médias axés sur des « niches » de sujets, l’acceptation que le journaliste ne soit pas toujours le seul à avoir la parole, bref ce que Anne-Sophie Novel appelle « un nouveau journalisme, un métier bio fait la fierté du directeur de l’IJBA. « Je me suis beaucoup nourri ce soir, notamment en écoutant nos étudiants, dit-il, nous avons appris comment des offres peuvent conquérir de nouveaux publics. A quand des propositions de médias de masse, capables de fédérer l’ensemble de la société ? C’est la question. »

Il est rejoint par le président du Club de la Presse, qui salue en conclusion la responsabilité et la créativité de l’IJBA sur les questions de fond et d’avenir du métier et clôt les journées du Printemps du Club.

(1)www.lesmediaslemondeetmoi.com

Photos Philippe Roy

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