Les jeunes envoyés par l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) la semaine du 25 au 30 juin ont tiré les conclusions de leur séjour dans les médias bordelais et à la rencontre des « 48 heures de la pige ». Avant de repartir vers la « Belle Province » « L’OFQJ a été créé sous l’impulsion de Charles de Gaulle lire la suite
Les jeunes envoyés par l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) la semaine du 25 au 30 juin ont tiré les conclusions de leur séjour dans les médias bordelais et à la rencontre des « 48 heures de la pige ». Avant de repartir vers la « Belle Province »
« L’OFQJ a été créé sous l’impulsion de Charles de Gaulle il y a 50 ans. » Michel Lagacé, le chef de groupe des dix journalistes québécois qui ont sillonné Bordeaux toute la semaine, a rappelé les origines de cet Office lancé entre le Québec et la France après la célèbre phrase du chef de l’Etat « Vive le Québec Libre ! ». Quand le Général est revenu en France, il a demandé à ses ministres des propositions de collaboration avec le Québec, on lui en a fait une vingtaine dont la création de l’OFQJ à l’image de l’OFAJ, l’organisme d’échanges de jeunes franco-allemand. « Et le 9 février 1968, deux secrétaires généraux, un pour chaque pays, ont été nommés. » Depuis, plusieurs dizaines de milliers de jeunes de 18 à 35 ans ont franchi l’Atlantique dans les deux sens pour découvrir des domaines de spécialité ou des métiers variés.
La carte et le statut
Plusieurs manifestations ont marqué cette anniversaire entre la France et le Québec, et la venue d’un groupe de jeunes journalistes à Bordeaux, organisé chez nous par Elsa Dorey, vice-présidente du Club, était l’un des points forts. En effet, il y a eu plusieurs groupes de ce genre au fil des années en France, et cela méritait une table-ronde intergénérationnelle en ce 30 juin, dernier jour de travail des stagiaires à Bordeaux.
« Nous allons commencer par vous demander comment vous avez vécu cette semaine à Bordeaux, a dit Laetitia Langella, présidente du Club qui animait ce débat. Dites ce qui vous a plu, ce que vous ramenez dans vos bagages, ce qu’il faudra retenir ».
Emélie Rivard Boudreau, qui s’intéresse aux diaporamas sonores, a retenu « Les 48 heures de la pige , un séjour professionnel très intéressant et formateur ». Maxime Bilodeau s’est dit « frappé par les deux jours passés au journal Sud Ouest. Je suis surtout un artisan de magazines, et à Sud Ouest Le Mag, j’ai compris comment un magazine pouvait permettre la rentabilité du journal. Pour moi, le Mag, c’est du génie !» Il a également noté les différences de statuts entre les journalistes au Québec et ici. « Je repars avec l’idée de creuser un peu plus cette question du statut, car au Québec nous sommes tous des auto-entrepreneurs.».
Pour Catherine Dib, « il était intéressant de voir comment les rédacteurs en chef prennent le pitch, et disent ce qu’ils acceptent ou pas. » Elle estime que « la rencontre entre pigistes, c’est très inspirant. »
La question de la carte de presse et de l’évolution du métier semble avoir été dominante chez les participants, comme le résumait Marie-Philippe Gagnon-Hamelin, la directrice générale adjointe de la FPJQ, en constatant « qu’en France il y a 17 personnes employées au national pour s’occuper de la carte de presse, et au Québec une seule. Nous devons aller un peu plus loin, avec un angle plus centré sur ce sujet. »
Dans la seconde partie du débat, Laetitia Langella avait fait appel à des « anciens » de plusieurs générations : côté français, Jean-Marie Dupont, ex-Le Monde et France 3 invité au Québec en 1969 par l’OFQJ et Jean-Michel Audineau, ex-directeur délégué de Sud Ouest venu en 1978. Et côté québécois, les « encadrants » du groupe venu à Bordeaux, eux-mêmes stagiaires en 1979, Hélène Baril, journaliste économique à La Presse, et Sylvain Lafrance, ancien vice-président exécutif des services français de Radio-Canada et aujourd’hui professeur associé à HEC Montréal.
La présidente du Club soulève une première question d’actualité, à propos de la loi sur le secret des affaires qui vient d’être votée en France avec très peu de députés. « Nous avons soutenu une sensibilisation des élus, dit Jean-Marie Dupont, mais on nous a répondu que cette loi visait surtout les réseaux sociaux. » Hélène Baril, qui soulignera par ailleurs l’évolution inéluctable des journaux « papier » au Québec vers le tout numérique, note « que de telles lois permettent de nous poursuivre en diffamation et mettre notre entreprise en faillite. » Sylvain Lafrance estime qu’il y a une vraie réflexion à faire sur ce problème, « car on peut gagner son procès et être ruiné par les frais de justice. Il faut se demander comment on équilibre le droit à l’information, avec le droit à la vie privée et le droit d’informer ? »
Pour Jean-Michel Audineau, « le problème est que les médias sont de plus en plus dépassés par les réseaux sociaux. » Et Jean-Marie Dupont soulève « le problème du lobbying, sur lequel il ne faut rien céder. »
Sylvain Lafrance veut conclure sur une note résolument optimiste : « Et si nous étions, risque-t-il, au début d’un véritable eldorado ? » Une période d’évolution, où les journalistes apporteraient, comme ils le font déjà, leur dimension critique aux réseaux sociaux, leur souci de vérifier, comparer, pour parvenir à la vérité ? « Ce que le journaliste devrait le plus protéger, c’est la liberté de débit... »
Une réponse intéressante sur cette progression éventuelle pourra être fournie dans moins de cinq mois : en novembre prochain, un groupe de journalistes bordelais, autour d’Elsa Dorey et du Club pigiste, fera le « voyage retour » de l’OFQJ à Montréal, du 23 au 28 novembre, au moment où les deux grandes organisations de journalistes du Québec tiennent des congrès. Claude Ader Martin, journaliste et porte-parole de l’association franco-québécoise AQAF, qui a organisé pour les stagiaires actuels une visite des lieux de mémoire à Bordeaux ce samedi, soutient activement ce voyage qui symbolise bien une réalité : le rapprochement continue, plus que jamais !
(photo Michel Lagacé)
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PRATIQUE
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