Le Club de la Presse de Bordeaux a proposé un deuxième débat jeudi soir sur le thème du grand reportage avec un plateau composé de « deux anciens », Philippe Rochot, grand reporter, prix Albert Londres, auteur de « Reportages pour Mémoires », de Jean-Michel Boissier,  administrateur de Reporters sans frontières, fondateur de Courrier International et de lire la suite

Le Club de la Presse de Bordeaux a proposé un deuxième débat jeudi soir sur le thème du grand reportage avec un plateau composé de « deux anciens », Philippe Rochot, grand reporter, prix Albert Londres, auteur de « Reportages pour Mémoires », de Jean-Michel Boissier,  administrateur de Reporters sans frontières, fondateur de Courrier International et de deux jeunes consoeurs, Eugénie Baccot, journaliste et photographe spécialiste de l’Afrique et des questions de société et Ariane Puccini, journaliste freelance, co-fondatrice du collectif Youpress. Toutes deux sont membres du conseil d’administration du Club de la Presse et animent le pôle pigistes.

L’Érythrée, trou noir de l’information

Philippe Rochot a rendu hommage à deux photojournalistes disparus: Michel Laurent, tombé au Vietnam en plein reportage en 1975 près de Saïgon et Gilles Jacquier, journaliste reporter d’images mort le 11 janvier 2012 à  Homs (Syrie). Tous les endroits ne sont pas accessibles. Il existe des sanctuaires où les journalistes ne peuvent plus pénétrer. L’Érythrée est « l’un de ces trous noirs de l’information » où l’envoi de journalistes n’est plus envisageable, a confirmé Jean-Michel Boissier. Selon le rapport publié en décembre dernier par Reporters sans Frontières, 110 journalistes ont été tués dans le monde en raison de leur métier, ou décédés de morts suspectes en 2015. «Neuf sur dix sont des journalistes locaux, neuf sur dix sont des hommes, dans neuf cas sur dix le crime demeure «impuni », a précisé l’administrateur de l’ONG internationale. La France, après l’attaque jihadiste contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, la Syrie et l’Irak figurent en mauvaise place dans le classement de la liberté de la presse de RSF.

L’outil de RSF est épluché par les investisseurs et sert de moyen de pression contre les dictateurs et donc d’outil pour les défenseurs de la liberté d ‘expression. Notamment en ce 25 mars, jour d’ouverture du procès à Istanbul de Can Dündar et Erdem Gül responsables du journal Cumhuriyet. Le rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet et son représentant à Ankara sont sous la menace d’une condamnation de prison à vie pour avoir révélé des livraisons par les autorités turques d’armes à des groupes islamistes en Syrie.

Cofondatrice de Youpress en 2007, Ariane Puccini travaille en réseau avec d’autres journalistes indépendants. Ils utilisent les réseaux sociaux pour communiquer entre eux, se donner les bonnes adresses, les meilleurs contacts, avant de partir en reportage, pour s’assurer le plus possible de sécurité. Philippe Rochot, pris en otage en mars 1986 au Liban et libéré en juin de la même année avec Georges Hansen a livré son témoignage : en matière de danger, « tout dépend des zones, des périodes. » Depuis, de nouveaux dangers sont apparus. Les journalistes sont devenus une cible stratégique, selon leur nationalité et l’engagement de leur pays.

La pertinence des terrains doit être analysée, estime Eugénie Baccot. Le constat est partagé par tous : plus la précarité est grande, plus  les risques sont élevés. Faut-il risquer sa vie pour des papiers payés 100€ ?  Vécu parfois comme un sacerdoce, le grand reportage nécessite d’être conscient mais pas trop pour ne pas éteindre la passion intérieure.

NB: vous pouvez vous procurer le livre de Philippe Rochot « Reportages pour mémoire », éditions Erick Bonnier, (25 €) et les albums de RSF « 100 photos pour la liberté de la presse » de Sebastiao Salgado (9,9€) auprès du Club de la Presse contact@club-presse-bordeaux.fr

 

 

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