L’affaire fait grand bruit dans le monde des médias de l’autre côté de l’Atlantique. François Bugingo, membre de la FJPQ, ancien vice-président de la section Monde de Reporters sans Frontières a été formellement mis en cause par une de ses collègues du quotidien La Presse après que des rumeurs aient circulé au sein de la lire la suite
L’affaire fait grand bruit dans le monde des médias de l’autre côté de l’Atlantique. François Bugingo, membre de la FJPQ, ancien vice-président de la section Monde de Reporters sans Frontières a été formellement mis en cause par une de ses collègues du quotidien La Presse après que des rumeurs aient circulé au sein de la profession.
Né en 1974 à Kisangani, ce journaliste canadien d’origine congolaise a été débarqué par le groupe Québecor qui a mis séance tenante un terme à ses diverses collaborations au Journal de Montréal au Journal de Québec ainsi qu’à l’émission télévisée TVA Nouvelles suite aux articles publiés par Isabelle Hachey qui a mené durant deux mois une enquête serrée destinée à prouver que de nombreux reportages publiés par François Bugingo étaient basés sur des faits non avérés voire de la pure fiction. Stupeur dans la classe médiatique où l’intéressé tenait jusqu’à la semaine dernière une chronique quotidienne sur les affaires internationales à Radio 98,5FM et disposait jusqu’il y a peu d’une large tribune intervenant à Radio-Canada, et au quotidien Le Devoir.
De l’enquête d’Isabelle Hachey, il ressort que l’intéressé a prétendu avoir travaillé en 1995 à Sarajevo aux côtés des deux journalistes français Thierry Cruvellier et Patrick Muller à la mise en place de l’International Justice Tribune, publication qui n’a vu le jour qu’en 2004. Ses relations avec l’ancien patron de RFI Jean Hélène pour lequel il assurait avoir travaillé sur le Rwanda avant son arrivée au Québec sont non avérées. Parmi ses allégations, celle d’avoir négocié la libération pour Reporter sans Frontières d’un journaliste pris en otage par Al Qaïda en Mauritanie en septembre 2010. François Bugingo prétend également avoir été mandaté par la Commission Européenne au Caire lors du « Printemps arabe » pour enquêter sur les agressions contre les journalistes lors des manifestations sur la place Tahrir en février 2011. Le 11 février 2014, il bouleverse les lecteurs de son blog hébergé par le Journal de Montréal par le récit de l’exécution dont il aurait été le témoin après la prise de Misrata par les rebelles libyens alors que l’enquête prouve qu’il n’a jamais mis les pieds dans cette ville.
Suspendu de ses fonctions samedi 23 mai après le dernier article qui démontre, preuves à l’appui, que ses reportages relevaient plus du roman que de la réalité, le journaliste annonçait dimanche « se retirer momentanément de l’espace public » alors que certains penchaient encore pour une théorie du complot. Ses employeurs n’ont pas été convaincus par ses dénégations et ont mis fin hier à toute collaboration avec lui.
Claude Ader-Martin