Les 4èmes Tribune de la Presse, organisées à Bordeaux par le Conseil régional d’Aquitaine et Sud Ouest, avaient fait comme pari de parler de l’Europe. Un sujet dont on dit, dans la plupart des médias, qu’il intéresse peu. Le succès de la manifestation a montré que l’opinion avait bien évolué. Ces trois journées pleines lire la suite
Les 4èmes Tribune de la Presse, organisées à Bordeaux par le Conseil régional d’Aquitaine et Sud Ouest, avaient fait comme pari de parler de l’Europe. Un sujet dont on dit, dans la plupart des médias, qu’il intéresse peu. Le succès de la manifestation a montré que l’opinion avait bien évolué.
Ces trois journées pleines sur le thème « L’Europe, la pourfendre ou la défendre », avec en particulier des élèves des lycées de la région particulièrement attentifs, ont démontré que les auditeurs du TNBA et de l’IJBA, jugeaient primordiale l’information sur notre continent, son évolution politique, économique et surtout sociale.
A tel point, que l’on a senti qu’un Bernard Guetta, président de l’association « Les Rencontres d’Aquitaine » qui organise la manifestation, fin analyste et défenseur de l’idée européenne, était lui même dépassé par le désir d’Europe des participants. Un désir d’Europe assez loin cependant de ce qui se met en place actuellement.
Ainsi dans le premier débat « L’Europe à bout de souffle », celle « qui va dans le mur », comme l’a dit l’éditorialiste de France Inter, les participants ont plus salué le discours de demande d’une autre Europe de Marie-Cécile Robert du Monde Diplomatique que celui plus conventionnel d’Ivan Levai voire de Bernard Guetta. Les exemples de difficultés donnés par Alexia Kefalas, correspondante en Grèce de France 24 et du Figaro n’y étaient certainement pas pour rien.
Certes, le film d’Antoine Vitkine, « Populisme, l’Europe en danger », avait de quoi faire peur et se dire que, somme toute, il fallait faire confiance à nos dirigeants actuels pour bâtir une Europe forte qui résiste aux tentations du populisme. Mais quand celui-ci vient en partie de dirigeants européens au pouvoir, Viktor Orbàn en Hongrie pour ne pas le citer, on peut se poser des questions sur les principes fondateurs de l’Union.
D’autant qu’à ses marges, les risques subsistent. Quel appui a-t-elle réellement apporté à l’Ukraine, menacée dans son intégrité par le régime russe de Vladimir Poutine, un régime oligarchique où l’argent fait la loi y compris à l’échelon international qui nous intéresse comme l’a démontré Sergueï Parkhomenko, journaliste et éditeur russe : à propos des Jeux Olympiques, de la place de l’ex-chancelier Schroeder à Gazprom, de la chaine de télévision Russia Today (bientôt en France !), des frégates Mistral…
Dans ce contexte et par rapport à une Chine qui s’impose au plan économique, l’Europe a-t-elle intérêt à rechercher l’appui des Etats-Unis à travers un traité de libre échange ? Adrien de Tricornot, journaliste au Monde et Sylvain Cypel, ancien correspondant du même journal aux Etats-Unis, ont ferraillé dur contre Jérémy Ghez, professeur à HEC, partisan du libéralisme économique, prétendant que la mise en place de cet outil allait permettre un gain de 24 milliards de dollars (la suppression de droits de douane) immédiatement réinjectés dans la machine économique. Ce en quoi ne croient pas les journaliste du Monde qui voient plus dans ce traité, « un accord de dérégulation ultra-libéral » ou le futur arbitrage par les tribunaux privés des décisions prises par les Etats. Le modèle américain n’est pas du goût d’Adrien de Tricornot qui en montre les faiblesses en particulier en matière de protection sanitaire où l’Europe offre le système le plus avancé au monde. Guillaume Klossa, directeur de l’UIR, reste cependant relativement confiant. Pour lui, ni le Parlement Européen, ni les Etats ne ratifieront ce traité.
Un excellent débat sur les Musulmans Européens mal dans leur peau, entre les djihadistes issus du Continent et le regard méfiant de leurs concitoyens, des ateliers variés, un film sur les caricaturistes de presse et bien sûr la vente aux enchères du Club de la Presse, cette édition des Tribunes de la Presse a été tout sauf convenue. Les jeunes étudiants et lycéens ont montré en tous cas un vif intérêt pour ce thème, leur avenir.
Philippe Loquay
secrétaire général du Club de la Presse de Bordeaux