Lundi 11 et mardi 12 février, la CFDT journalistes tenait son conseil national à Bordeaux et a organisé un débat sur les pure players au Club de la presse. Un débat passionné, où les syndicalistes ont posé de multiples questions aux « patrons » « Ce soir, nous allons jouer franc-jeu. Nous connaissons mal les pure players et lire la suite
Lundi 11 et mardi 12 février, la CFDT journalistes tenait son conseil national à Bordeaux et a organisé un débat sur les pure players au Club de la presse. Un débat passionné, où les syndicalistes ont posé de multiples questions aux « patrons »
« Ce soir, nous allons jouer franc-jeu. Nous connaissons mal les pure players et nous avons plein de questions à vous poser », a lancé dès le début du débat Richard Hecht, délégué CFDT journalistes dans la région, aux responsables de Rue89 Bordeaux, Aqui.fr et C-yourmag.net. Joël Aubert, directeur d’Aqui.fr a commencé par rappeler les conditions de créations de son site régional d’informations.
Aqui.fr, plus vieux pure player en France
Après 32 ans passés à Sud Ouest, suite à des dissensions éditoriales avec le directeur du groupe de l’époque, Pierre Jeantet, il a fondé d’abord Aqui papier. Ce journal n’aura duré que cinq numéros, en raison de problèmes de distribution avec les NMPP. C’est là qu’est né www.aqui.fr. C’était il y a sept ans. Le Club l’a d’ailleurs accueilli les premières années dans une partie de ses locaux. « Aujourd’hui, nous sommes le plus vieux pure player en France », s’est-il réjoui. Ceci étant, « nous sommes toujours dans une économie de survie », a rappelé Joël Aubert. Les élus de la CFDT journalistes l’ont justement beaucoup questionné sur son modèle économique. « Nous somme agréés depuis 2 ans par l’Etat pour faire de la formation aux élus. A côté, nous avons un peu de pub. Cela commence à venir, mais il faut avoir une pédagogie spectaculaire », a souligné le directeur d’Aqui.
Aqui.fr engage une levée de fonds
C’est pourquoi, afin de développer une nouvelle version susceptible de mieux assurer l’avenir du site, Aqui.fr a lancé une levée de fonds. Une version, qui contiendra des espaces payants, en l’occurrence des enquêtes avec une vraie valeur ajoutée. « Ce qui nous encourage, c’est qu’on nous sollicite de plus en plus et le trafic du site augmente », a indiqué Joël Aubert. L’ancien directeur de la rédaction de Sud Ouest a aussi beaucoup insisté sur « l’effondrement de l’information locale dans le grand quotidien, Sud Ouest ».
Rue89 Bordeaux veut co-produire l’information
Pour lui, « demain, on n’ira plus seuls faire de l’info locale. Ce sera avec la société civile. Il y a un formidable challenge à relever ». « A Rue89 Bordeaux, on veut justement co-produire l’information », a mis en avant Walid Salem, son directeur de publication, l’un des trois co-fondateurs. Là aussi, les questions de la salle ont été multiples : « y a-t-il une charte rédactionnelle Rue89 ? » « Non, j’étais avant contributeur de Rue89, donc le feu vert m’a été donné. L’éthique n’est pas formalisé », a-t-il répondu. Il fut aussi question de la ligne éditoriale ou encore de la rémunération des pigistes lorsque certains papiers de Rue89 seront publiés sur le site parisien. Question, à laquelle il n’avait pas de réponse, à ce jour.
C Your Mag, un média scientifique d’un genre nouveau
Lorsque Alexandre Marsat, rédacteur en chef, a présenté C Your Mag, le nouveau média scientifique de Cap Sciences, là aussi, les débats ont porté sur le modèle économique. Ce site d’informations scientifiques est édité par Cap Sciences, centre de culture scientifique régional, qui vit à la fois de fonds publics et de ses fonds propres (expositions…). « On a un an et demi devant nous pour trouver des sources de financement. Le conseil éditorial peut être une piste », a-t-il révélé. Ce site, qui place le blogueur au cœur du média, a été financé dans le cadre d’un investissement d’avenir. Il préfigure un genre nouveau. « Il a été lancé il y a un mois et demi, mais a nécessité un an et demi de réflexion », a précisé Alexandre Marsat.
Quelle grille de salaires pour les reportages multimédia ?
Ici, contrairement à la plupart des médias, Alexandre Marsat, qui est aussi délégué du personnel, paie mieux sur le Web que sur le papier (environ 70 euros le feuillet). « Car, il y a plus de travail et sur le Web, c’est une écriture spécifique », a-t-il expliqué. Par ailleurs, avec l’avènement du bi-média, de nouveaux tarifs de piges restent encore à inventer. « Comment rémunérer, par exemple, un diaporama sonore. Pour l’heure, je demande aux journalistes combien de temps ils ont passé sur leur reportage et nous convenons d’une rémunération », a-t-il indiqué. Richard Hecht a rebondi sur le sujet et précisé que des discussions vont avoir lieu entre la CFDT et le Spiil (Syndicat de la presse indépendante d’informations en ligne) sur ces questions. « Aujourd’hui, il y a tout à réinventer, y compris la relation avec le lecteur. Je sens que ça débraye. Il faut se battre pour revendiquer la qualité de l’info », a conclu Joël Aubert, avec enthousiasme, ce débat très riche.
Nicolas César
http://www.journalistes-cfdt.fr/actualites/rencontre-avec-des-futurs-journalistes-à-bordeaux