Près de deux ans et demi après sa création, le pure player toulousain, Carré d’info, a dû se résoudre à cesser son activité, faute de fonds suffisants. En 2013, c’est Dijonscope qui avait été contraint de baisser le rideau. Xavier Lalu, cofondateur de Carré d’info, revient avec nous sur ce qui a fonctionné dans cette expérience et lire la suite
Près de deux ans et demi après sa création, le pure player toulousain, Carré d’info, a dû se résoudre à cesser son activité, faute de fonds suffisants. En 2013, c’est Dijonscope qui avait été contraint de baisser le rideau. Xavier Lalu, cofondateur de Carré d’info, revient avec nous sur ce qui a fonctionné dans cette expérience et ce qui a manqué.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Xavier Lalu : Nous avons amené un ton journalistique qui n’existait pas au niveau local. Et, une autre manière de faire. Sur certains sujets, nous avons utilisé des cartes, des photos augmentées, des web docus. Par exemple, depuis plus d’un an, nous avions pris l’habitude de faire un live tweet à chaque conseil municipal à Toulouse et de proposer du fact-checking. Les politiques se sont pris au jeu. Sur l’affaire Mohamed Merah, nous avons pris un contre-champ en racontant le parcours d’un journaliste pour couvrir le sujet. A chaque fois, nous nous sommes posés la question de savoir ce que nous pouvions apporter en plus, de différent. Nous avions atteint 70 000 visiteurs par mois et la moitié de notre audience provenait de Toulouse. Mais, nous avons manqué de financement pour notre projet de développement.
Quel était votre projet de développement ?
Xavier Lalu : Nous avions dans l’idée de faire un produit du week-end avec des articles payants à forte plus-value pour les tablettes. Et une version spéciale pour les mobiles avec cinq infos courtes délivrées dès le matin, dont une choisie par les lecteurs, aurait été développée le soir dans un format plus long. Je pense qu’il faut que le média d’aujourd’hui propose plusieurs offres éditoriales pour être présent dans tous les temps de la journée. Notre ambition était aussi de faire davantage de data-journalisme, de web docus. Les deux tiers des besoins étaient humains, recrutement d’un développeur, de journalistes. Mais, nous ne sommes pas parvenus à rassembler les 250 000 euros nécessaires.
Comment voyez-vous votre avenir et celui de la presse ?
Xavier Lalu : Fort de mon expérience et de mes compétences acquises, je vais essayer de me faire recruter par une rédaction. En tout cas, si un jour, je dois recréer un pure player, je ne reproduirai pas certaines erreurs : il faut partir avec plus de capitaux de départ (Carré d’info a été créé avec 50 000 euros, ndlr), plus de gens, de communication en amont du lancement. Quant à l’avenir de la presse, je pense que nous allons vers une spécialisation des médias. Ceux qui semblent marcher et trouver leur modèle économique, ce sont ceux qui sont sur des niches. Pour la presse généraliste, je suis plus inquiet.
Interview : Nicolas César
Site : http://carredinfo.fr/
Hélas !
« L’époque n’a jamais été aussi intéressante pour les journalistes. C’est, en trame, ce qui se déduit des débats qui se sont tenus lors de la cinquième conférence des nouvelles pratiques du journalisme. Pas évident, à priori, de trouver matière à se réjouir au milieu du marasme dans lequel est plongé la presse et la dépréciation progressive du travail du journaliste. D’une crise existentielle, ce dernier traverse aujourd’hui une crise de valeur qui contraint le métier à courir désespérément après l’audience susceptible d’assurer sa subsistance. Comme le soulignait Mathew Ingram (@mathewi) en préambule de la conférence, aucun article journalistique, aussi sérieux soit-il, ne parviendra jamais à attirer la même audience qu’un mème ridicule comme Grumpy Cat (2,5M de likes sur Facebook, excusez du peu). De quoi se remettre en question… »
(in Connexions : « Le journalisme cherche toujours sa voie » compte rendu du débat de sciences po 12-12-2013)