Quand trois prix Albert Londres* se rencontrent aux Tribunes de la Presse pour disserter sur les limites de la transparence. Quelques citations choisies. Pour Nathalie Nougayrède, directrice du journal Le Monde, « tout raconter serait d’un grand ennui pour le lecteur. C’est au journaliste que revient le fait de sélectionner et de hiérarchiser l’information ». « Le secret lire la suite
Quand trois prix Albert Londres* se rencontrent aux Tribunes de la Presse pour disserter sur les limites de la transparence.
Quelques citations choisies.
Pour Nathalie Nougayrède, directrice du journal Le Monde, « tout raconter serait d’un grand ennui pour le lecteur. C’est au journaliste que revient le fait de sélectionner et de hiérarchiser l’information ». « Le secret de la protection des sources est un des piliers de la liberté de la presse ». Et quelquefois, il ne faut pas révéler ses sources « pour ne pas mettre des personnes en danger », en particulier les « fixeurs » à l’étranger.
Il y a pourtant « une vrai défiance de l’opinion devant les médias établis » (de l’ordre de 70%). « On les accuse d’être proches des pouvoirs politiques et économiques ». « Il faut montrer que l’on est fiable par son indépendance et par la proximité avec les gens ».
« Malgré les défis technologiques, le journaliste doit garder les fondamentaux en tête : offrir des repères, des éléments de compréhension de ce qui se passe. La révolution numérique permet beaucoup de dérives, de fantasmes mais c’est une formidable opportunité. »
Jean-Claude Guillebaud, éditorialiste au Nouvel Observateur, trouve que « le journalisme n’est pas dans une bonne posture. L’argent étend son pouvoir sur la presse. Je ne suis pas sûr que nous aurons toujours le choix ». Aujourd’hui, si pour des raisons déontologiques, un journal ou une télévision décide de ne pas diffuser une information, elle peut se retrouver sur le net. « La presse écrite a pourtant un rôle à jouer : garder de la distance, du scrupule, le choix ».
Yves Harté, directeur de l’information de Sud Ouest, décrit le travail du journaliste comme un passage au tamis des nouvelles. Il reconnaît que, pour un journal régional, la question du choix de l’information est prégnante à cause de la proximité avec les pouvoirs et le lecteur. La critique essentielle faite au journal est de cacher des informations connues des journalistes. Mais ceux-ci n’ont pas toujours les preuves suffisantes. Et « publier est une décision collégiale ».
Propos rapportés par Philippe Loquay
* Respectivement pour des reportages sur la Tchétchénie, le Vietnam et la chute du Mur de Berlin.