48h de la pige - atelier ethique pigiste

Comment gagner suffisamment de revenus quand l’activité de journaliste ne suffit pas ? Les 48h de la pige sont un événement fait par des pigistes, pour des pigistes. Une question existentielle ne pouvait pas être ignorée : comment se débrouiller pour gagner suffisamment sa vie, sans renier son éthique ?

Face à cette interrogation, l’animateur de l’atelier « Baromètre de l’éthique du pigiste », également journaliste indépendant rémunéré à la pige pour des médias indépendants, assume. Il cherche à augmenter son niveau de vie en trouvant d’autres sources de revenus. Il s’en est expliqué ouvertement. « Les employeurs sont censés nous payer suffisamment pour assurer notre train de vie, et donc préserver notre éthique. C’est souvent le cas pour les journalistes mensualisés, mais pour nous ils ne le font pas, donc c’est à nous de la gérer, de se débrouiller. Je pense que la question de l’éthique ne peut pas reposer uniquement sur nos responsabilités individuelles. »

“Ne pas se faire payer par ses sources”

Entre les trente journalistes rémunérés à la pige (JRP) présents dans la salle, la discussion fut passionnée. À chaque activité discutée, trois critères étaient abordés : est-ce intéressant d’un point de vue financier ? Quels sont les points de vigilance sur l’éthique journalistique ? Est-ce compatible avec la carte de presse ? Règle unique avant de commencer l’inventaire des sources de revenus possibles : « Ne pas se faire payer par ses sources, c’est la base » rappelle l’animateur de l’atelier.

Certains pigistes expérimentés faisaient part de leur expérience professionnelle pour des ONG, qui peut être vue comme d’autres manières de produire de l’information sur son domaine de spécialisation journalistique. Avec un point de vigilance tout de même, pour celles et ceux qui seraient amenés à utiliser leurs sources pour ce genre de missions : « Être transparent et honnête sur sa démarche » expose l’animateur.

Enseignement, éducation aux médias et tables rondes

Dispenser des cours dans les établissements du supérieur peut également être une manière d’acquérir un niveau de vie correct, voire même d’assouvir une vocation pédagogique pour certains. Sachez que les revenus (en salaires) issus de cours dispensés dans les Écoles de journalisme reconnues peuvent être comptés pour obtenir la carte de presse.

L’animation de tables rondes peut aussi être proposée à des journalistes indépendants. Dès lors, une question peut se poser : « Pourrions-nous poser des questions qui dérangent ? Et comment s’adapter à ce contexte ? » 

Un journaliste pigiste spécialisé peut aussi donner des conférences consacrées à des sujets qui portent sur son expertise. Pour garantir le maximum d’éthique, il faut prêter attention à la personne ou l’organisation qui rémunère, et analyser quel conflit d’intérêt cela peut créer avec une activité journalistique.

Plus classique, et sûrement plus en phase avec la réalité du plus grand nombre de pigistes : les opportunités liées à l’éducation aux médias et à l’information (EMI) se multiplient, et cela peut-être une manière éthique de diversifier ses revenus. Certains participants à l’atelier ont soulevé des points de vigilance : les collectivités qui allouent de l’argent public à des projets d’EMI ont parfois tendance à contrôler le contenu éditorial des travaux issus de ces travaux. Gare à ne pas tomber dans la communication !

Mélange des genres

La question des missions de communication, comme la rédaction de magazines thématiques ou de « publi-reportages », a fait l’objet de discussions plus épineuses. En effet, les Chartes de déontologie des journalistes (voir ci-dessous) font clairement la différence entre une activité de journaliste et de communication.Pourtant le développement des médias vidéos en ligne, notamment, floute la frontière entre les deux secteurs. Des médias comme Loopsider ou Brut ont des modèles économiques basés sur des studios de production qui leur permettent de monétiser leur audience auprès des marques. 

Enfin, si l’âme d’un comédien vivote en vous, les enquêtes sur scène, portées par Mediavivant à Marseille, par exemple, sont également un bon moyen de décliner un sujet pour augmenter ses revenus.  

Texte : Nicolas Beublet

Quelques liens :   

Lien vers le site Mediavivant : 
https://mediavivant.fr/

Charte d’éthique professionnelle des journalistes, SNJ, 2011 :
https://www.snj.fr/sites/default/files/documents/Charte2011-SNJ.pdf
Charte de Munich :
https://eeas.europa.eu/archives/delegations/tunisia/documents/page_content/charte_munich1971_fr.pdf

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