Aqui.fr, site d’informations régionales tient son troisième colloque numérique le 20 septembre au Rocher de Palmer. Son directeur, Joël Aubert, sera au Club de la presse vendredi 13 septembre à 11 heures pour nous en parler. Journaliste expérimenté, ancien directeur de la rédaction de Sud Ouest, il nous décrypte les nouvelles tendances dans les médias lire la suite

Crédit photo : Aqui.fr
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Aqui.fr, site d’informations régionales tient son troisième colloque numérique le 20 septembre au Rocher de Palmer. Son directeur, Joël Aubert, sera au Club de la presse vendredi 13 septembre à 11 heures pour nous en parler. Journaliste expérimenté, ancien directeur de la rédaction de Sud Ouest, il nous décrypte les nouvelles tendances dans les médias

Pourquoi avoir choisi cette année le thème de l’information de qualité à l’heure du low cost ?

Joël Aubert  : En mars dernier, on a découvert qu’une agence basée à Tunis, filiale d’une entreprise française de régie publicitaire Hi-Media, travaillait pour plusieurs médias d’information locale en France : Bordeaux.actu.fr, Lyon.actu.fr, et Toulouse.actu.fr. Les rédacteurs pompaient leurs infos dans l’ensemble des titres de presse quotidienne régionale et étaient payés 300 euros par mois pour produire 10 à 15 articles par jour ! Aux Etats-Unis, il y a le même phénomène avec, par exemple, « Journatic », une entreprise capable de remplir les pages locales de 300 titres de presse américains en faisant bosser depuis Manille une poignée de journalistes freelance philippins. Aujourd’hui, l’info arrive de partout, le citoyen lui-même en produit. Où se se situe le journaliste par rapport à ces évolutions ? Je souhaite que l’on réfléchisse tous ensemble à la façon, dont nous produisons l’information. En réalité, à l’heure du low cost, il y a une forte attente d’informations de qualité de la part de nos concitoyens. C’est pourquoi, d’ailleurs, Le Monde revient à un « vrai » journalisme d’enquête. Ceci étant, il faut être attentif à la communauté. Aujourd’hui la communauté, c’est la vraie force des médias. C’est elle qui peut donner des infos que nous n’avons pas, parle de nous sur les réseaux sociaux… C’est une conviction que je partage avec Pierre Haski, cofondateur du pure player Rue 89.

Quelles sont les nouvelles tendances journalistiques que vous voyez émerger aujourd’hui ?

J.A : Aux Etats-Unis, le journalisme « constructif  » est en plein essor. L’an dernier, au colloque, une personne dans la salle nous avait dit :  » y en a marre d’une presse qui ne nous propose que des faits divers en boucle, met en scène les désaccords plus ou moins réels des ministres, et ne nous parle que de ce qui ne va pas ». Cette remarque fait écho à un sentiment qui se répand dans la société française : la lassitude, et pire encore le rejet de médias dans lesquels les gens n’ont plus confiance, à cause de leur propension à ne diffuser que de mauvaises nouvelles. Pour notre part, à Aqui, sans renoncer à l’enquête autant de fois que cela semble le mériter, à montrer les incohérences de la gestion publique, nous défendons l’idée qu’un média, implanté au cœur d’un territoire, d’une région, a le devoir de mettre en évidence les réussites, le lien entre recherche et développement économique, entre la culture et le vivre ensemble. C’est ça le journalisme « constructif ». Rue 89 a eu l’idée de faire témoigner ses lecteurs à l’étranger (25% de ses Internautes) sur de bonnes pratiques. Au début, le site  pensait faire un papier avec les dix propositions à retenir, puis les cinquante, les cent… maintenant il en est à cent vingt… On découvre ainsi que l’innovation n’est pas nécessairement dans les sociétés les plus développées. Par exemple, le Kenya est beaucoup plus avancé dans l’utilisation du téléphone portable dans la vie quotidienne. Vous payez votre bus ou votre taxi avec le téléphone portable.

Quel est le grand défi de la presse de demain ?

J.A : C’est bien évidemment comment financer cette information de qualité. Par le crowfunding ? Cela ne marche guère pour l’heure en France. Il faut que d’une manière ou d’une autre le lecteur contribue et paye, même si l’abonnement est faible. Il faut arriver à lui faire accepter que cette information de qualité a un prix, sans le culpabiliser. A côté de cela, la presse doit multiplier les sources de revenus : en faisant de la formation aux nouvelles technologies aux entreprises (comme Rue 89)… et développer des services. A Aqui!, nous travaillons actuellement à une application qui proposerait les bonnes adresses, bons plans en Aquitaine et nous apporterait des financements complémentaires. Notre plus-value sera d’éditorialiser ces services en y associant des articles déjà réalisés sur le sujet.

Quels seront les temps forts de ce colloque ?

J.A : Le politologue, Roland Cayrol, président d’honneur des Aquinautes, les amis d’Aqui.fr, introduira la journée à 9 heures sur le thème : « Le journalisme à l’épreuve de l’immédiateté et du risque de confusion des métiers ». Suivront plusieurs mises en bouche, notamment avec Antoine Chotard, veilleur à Aquitaine Europe Communication, qui nous fera le point sur les dernières avancées technologies dans le numérique. Mais aussi et surtout, Eric Scherer, chargé de la prospective à France Télévisions, qui évoquera « l’information à l’heure du low cost en mode industriel ». De 11 à 13 heures, nous débattrons des nouveaux formats, de la place des réseaux sociaux, de l’équilibre entre l’interactivité et/ou le populisme avec Yves Eudes reporter au Monde, Laurent Guimier, directeur de l’information numérique à Europe 1, Yves Harté rédacteur en chef, directeur adjoint de l’information de Sud-Ouest et Pierre Haski, cofondateur de Rue89. L’après-midi, il sera question du financement de l’info de qualité avec les analyses de Jacques Rosselin, ingénieur médias, cofondateur de Courrier International et Sabine Torrès, ex-fondatrice et directrice de dijOnscOpe, qui prépare la sortie d’un nouveau média. En fin de journée, nous échangerons avec Eric Bullet rédacteur en chef délégué à l’information numérique à Ouest France. C’est intéressant de voir comment le premier quotidien français mute face au défi du numérique.

Interview : Nicolas César

Pour s’inscrire au colloque d’Aqui : http://www.aqui.fr/rdv-2013

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